Les fougères hybrides de Soller (Île de Majorque – Espagne)
Le Jardin botanique Mundani (Espagne), par l’intermédiaire de Juan Bibiloni, membre du réseau, nous propose un article sur l’hybridation des fougères de la Vallée de Soller.
La Vallée de Soller, située sur la côte nord-ouest de l’île de Majorque, près de la mer et entourée de montagnes de protection, a un climat subtropical et est célèbre par les petites fougères de la famille des Aspleniaceae, caractérisées par leur forte tendance à l’hybridation entre eux.
La plupart des fougères hybrides, ont une enveloppe chromosomique polyploïde (triploïde, tetraploïde, hexaploïde, etc.).
Les tétraploïdes, avec une double dotation chromosomique, sont très communes parmi les fougères et elles peuvent avoir deux origines :
– Alotétraploïdes : par croisement entre deux espèces diploïdes (hybridation interspécifique), entraînant une fougère hybride diploïde. Dans la plupart des cas, ces hybrides alodiploïdes sont stériles, produisent des spores avortées et meurent sans laisser de descendance.
– Autotetraploïdes : par duplication de la dotation chromosomique d’une fougère diploïde (sans hybridation interspécifique).
Juan Bibiloni
Jardin Botanique de Mundani
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2 commentaires
Comment ont été établies les parentés? Est on sûr qu’il ne s’agit pas de mutations génétiques. Quels sont les conditions de rencontres entres gamètes?
Vous avez deviné, je suis un béotien en matière de fougères, et j’en suis resté au vieux schema de reproduction endogame, forcément frustrant, ne serait-ce que par la limitation du brassage génétique essentiel à toute évolution.
Pierre-Quimper
Je voudrais d’abord m’excuser de ne pas savoir bien écrire en français.
Les parents de ces hybrides ont été établies par des études de plus en plus sophistiquées sur environ un siècle, depuis que au 1911 a été décrite pour la première fois Asplenium majoricum. Au début, la relation entre les hybrides et leurs parents a été déduite des caractéristiques intermédiaires macroscopiques et de la proximité des progeniteurs présumés: la forme, la longueur, la largeur et la disposition verticale ou pendular des frondes, la forme des pennes, l’existence de trichomes plus ou moins, la forme et la disposition des sores sur la face inférieure des pennes, l’habitat où elles poussent, l’orientation vers le North, l’Ouest…, le besoin d’illumination ou ombre, le besoin d’humidité, la résistence a la secheresse, etc…
Depuis le 1980 ont debuté les études plus sophistiquées des chromosomes et la méiose dans les sporanges. Cela a permis à bien connaître le nombre de chromosomes dans le génome d’un hybride et à leurs parents présumés et aussi l’affinité entre les chromosomes au moment de former des couples compatibles dans la méiose. En environs des annés 1985 et 1995 ces hybrides ont eté bien étudiés par des botanistes espagnols et allemands et ils ont bien definés ses progeniteurs.
Actuellement les études sont orientés vers les genes, mais les techniques d’ étude du genome sont très chers, ils ont besoin des équipements très coûteux et ça marche très lentement.
Quant à votre question sur les mutations, je peux vous dire qu’une mutation n’affecte jamais un chromosome entier, uniquement un seul ou plusieurs gènes, de sorte que si un hybride a doublé ou triplé le nombre de chromosomes n’est pas due à une mutation mais une hybridation.
Vous savez que les fougères se reproduisent par des spores. Chaque petite fougère est capable de produire des millions de spores que le vent et les pluies dispersent.
Les fougères à Majorque ont profité des murs des terrasses que l’homme a construit sur les pentes des montagnes pour retenir le sol. Les spores tombent entre les pierres des murs, où un peu de terre s’accumule. Sur ce terrain les mousses et les lichens poussent et forment un substrat idéal pour la germination des spores et l’apparition de fougères.
Donc, si sur le même mur fougères poussent plusieurs espèces différentes de la même famille botanique, les spores tombent mixtes en grand nombre. Quand elles germent, leur gamétophytes produisent un grand nombre de anterozoides, qui nagent dans l’humidité du sol attirés par chimiotactisme par l’acide malique de l’oosphère. Si un anterozoide d’une espèce de fougère fertilise une oosphère d’autre espèce de fougère, on peut alors produire une fougère hybride. Ce processus à cause de l’extraordinaire climat subtropical de la vallée de Soller est très commun.
En conclusion, je dirais que l’hybridation endogamique de ces petites fougères est plus bénéfique que néfaste. Ces magnifiques hybrides sont généralement plus vigoureux, plus robuste et plus adaptées à leur environnement que leurs parents, ce qui facilite leur survie et finit par créer de nouvelles espèces. Ainsi est l’évolution de ces fantastiques fougères antédiluviennes.
Juan Bibiloni