Un pas en avant pour la plateforme IPBES

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES) prend un nouvel essor.

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES) prend un nouvel essor.

Grande avancée dans l’Année internationale de la biodiversité. Les gouvernements donnent leur feu vert pour un nouvel organe standard en matière de politique scientifique pour combler le fossé entre la recherche et la nécessité urgente d’apporter des réponses à la perte de biodiversité et des services écosystémiques.

Busan / Nairobi, 11 Juin 2010
Un pas historique a été franchi ce vendredi, dans la ville portuaire de Busan, en Corée du Sud, alors que les gouvernements mondiaux ont donné leur accord pour la création d’une plateforme intergouvernementale scientifique et politique en matière de biodiversité et de services écosystémiques (IPBES).

La plate-forme indépendante ressemblera, à bien des égards, au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui a aidé à déclencher la compréhension et l’action gouvernementale dans le monde entier sur la question du réchauffement climatique.

Le nouvel organe devra combler le fossé qui existe entre la richesse des connaissances scientifiques à ce sujet, la documentation concernant l’accélération de la dégradation du monde naturel – et l’action décisive des gouvernements pour inverser ces tendances néfastes.

Ses divers rôles consisteront notamment en la mise en place de relecture par les pairs des riches informations scientifiques sur la biodiversité et les services écosystémiques qui sortent des instituts de recherche à travers le monde, afin de fournir des rapports standard d’une qualité inestimable pour les gouvernements.

Ces rapports ne couvriront pas seulement l’état, le statut et les tendances de la biodiversité et des écosystèmes, mais donnera également un aperçu des options politiques de transformation et des réponses à apporter pour que des changements réels soient apportés à ce sujet.

Une IPBES permettra d’atteindre cet objectif prioritaire, en donnant un sens et une certaine cohérence à la profusion de rapports et d’évaluations effectuées par les différents organismes des Nations Unies, les centres de recherche, les universités et autres groupes ayant trait à la biodiversité et aux services écosystémiques.

Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a coordonné la réunion de cette semaine, a déclaré: « Le rêve de nombreux scientifiques, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, est enfin devenu réalité. En effet, une IPBES représente une percée majeure en termes d’organisation d’une réponse mondiale à la disparition des organismes vivants, des forêts, des réserves d’eaux douces, des récifs coralliens et des autres écosystèmes soutenant toute forme de vie sur terre, y compris la vie économique puisqu’ils générent des services qui valent plusieurs billion de dollars« .

« C’est également un jour important pour le multilatéralisme, en cette Année internationale de la biodiversité. Il restait encore quelques désaccords entre les gouvernements, alors qu’ils participaient à la troisième et dernière réunion de cette semaine. Ceux-ci concernaient le financement de la plate-forme, sa portée et son rôle dans le renforcement des capacités des évaluations scientifiques dans les économies en développement« , a-t-il ajouté.

« Mais les nations ont su mettre de côté les petites différences qui les divisaient en faveur d’un consensus beaucoup plus important qui les a finalement réunis, à savoir la nécessité urgente de la création d’une IPBES, un élément clé en vue de rétablir, de réparer et de gérer de façon plus intelligente les actifs naturels de la planète « , a déclaré Mr. Steiner.

« Je voudrais féliciter tous les gouvernements pour leur détermination et leur vision novatrice dans la rédaction d’un nouveau chapitre décisif dans la relation que l’humanité entretient avec le monde naturel», a-t-il conclu.

Chan-Woo Kim, Directeur général du ministère de l’Environnement de la République de Corée, qui a présidé la troisième réunion de cette semaine, a déclaré: « Au 21e siècle, face aux nombreux défis environnementaux que nous devons surmonter, la vision d’une « croissance verte » devrait être partagée unanimement par la communauté internationale. L’essence de cette vision est de faire en sorte d’assurer le futur de l’environnement de manière durable tout en poursuivant le développement des sociétés humaines. Pour que cette vision se réalise un jour, il est essentiel que les décideurs politique aient une compréhension crédible, légitime et pertinente en matière de biodiversité et de services écosystémiques ».

«Aujourd’hui, alors que nous commémorons l’Année internationale de la biodiversité, nous avons finalement conclu un accord pour établir une plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques. Cet accord historique jettera les bases qui nous permettrons d’avoir une pleine compréhension des évaluations scientifiques, ce qui est primordial pour la mise en place de réponses politiques appropriées aux bien-être humain sur la planète », a déclaré M. Kim.

« Busan, l’une des plus belles villes de Corée, sera reconnue dans la communauté internationale pour avoir été le témoin d’un pas historique en avant dans la création d’une IPBES, » a-t-il conclu.

Mr. Kim a ajouté: «Ici, je tiens également à remercier le PNUE pour son rôle dans cette percée importante, pour avoir mené ces discussions avec diligence et professionnalisme et enfin pour avoir facilité le processus vers la création d’une IPBES depuis la première réunion en Malaisie, il y a 18 mois. »

Le feu vert, donné aujourd’hui par les délégués de près de 90 pays, devra maintenant être envoyé à la 65e session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui s’ouvrira en Septembre, pour un examen qui lui permettra d’ être formellement établi.

Il sera ensuite présenté pour approbation aux différents ministres de l’environnement participant à la prochaine session du Conseil d’administration du PNUE/Forum ministériel mondial, prévue à Nairobi, au Kenya, en février 2011.

Quel sera le rôle d’une IPBES ?

Lors de la réunion de cette semaine à Busan, il a été clairement établi qu’on dispose maintenant d’une multitude d’évaluations menées au niveau mondial, national et régional qui se rapportent à la biodiversité et aux services écosystémiques.

Il s’agit notamment du rapport « Millennium Ecosystem Assessment », de « l’Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles pour le développement »; du rapport du PNUE « Global Environment Outlook », du rapport « Global Biodiversity Outlook » et de « l’Evaluation mondiale des ressources forestières ».

Les autres rapport incluent « l’Etat des ressources zoogénétiques dans le monde pour l’alimentation et l’agriculture », « l’Economie des écosystèmes et de la biodiversité » et enfin « la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN ».

Si tous ces rapports sont importants, bon nombre de constatations ne parviennent ni à être traduites en mesures concrètes et décisives sur le terrain par les gouvernements ni à être prise en compte dans les planifications de politiques mondiales et nationales.

Ceci est en partie dû à l’utilisation de méthodologies et de normes de fonctionnement différentes lors de la rédaction de ces évaluations.

Un IPBES peut apporter une plus grande rigueur à ces évaluations tout en permettant de rassembler les résultats afin de fournir aux gouvernements une plus grande clarté et une certaine confiance par rapport aux conclusions, ce qui leur permettra d’agir.

Une autre rôle qu’elle endossera sera celui de porter à l’attention des gouvernements des sujets de préoccupations «nouveaux» identifiés comme critiques par la science, en soulignant les informations connues sur le sujet, ainsi que les aspects pour lesquels plus de recherche est nécessaire.

Certains scientifiques, par exemple, prétendent que les preuves de l’existence de zones mortes désoxygénées dans les océans du monde entier, ont pris beaucoup trop de temps pour migrer des milieux scientifiques vers les cercles des décideurs politiques.

Un argument similaire concerne les avantages et les inconvénients des biocarburants. Une IPBES pourraient fournir un système d’alerte précoce plus efficace en ce qui concerne ces nouveaux sujets et qui interviendrait avant que des décisions politiques ne soient prises par les gourvernements.

Si une IPBES permettra de soutenir un renforcement des capacités dans les pays en voie de développement, son rôle principal sera de rassembler des fonds pour aider les scientifiques à construire des évaluations pointues dans ces pays, via par exemple, des récoltes de fonds des agences des Nations Unies, des fondations et d’autres sources.

Éclaircir le rôle précis des animaux, des plantes, des insectes et même des microbes au sein des écosystèmes et leurs fonctions en ce qui concerne les services générés, allant de la purification de l’eau en passant par la fertilité des sols, pourrait également être un axe majeur de cette plateforme.

Certains experts sont convaincus que de nombreuses découvertes scientifiques, allant de l’identification de nouvelles formes de vie inférieures à la disparition rapide des autres, peuvent malheureusement rester dans les couloirs des instituts de recherche et des universités de nombreuses années avant d’atteindre le reste du monde.

En ce moment, il est peut-être trop tard pour agir soit conserver ou à protéger l’espèce concernée, alors que d‘alerte précoce aurait pu mettre l’espèce sur le radar politique en lui donnant une meilleure chance.

– Retrouver cet article sur le site du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)

En savoir plus :
– Voir le site de l’IPBES : www.ipbes.net
Retour sur l’historique de l’IPBES :
– Lire l’article de Romaric PIERREL du 13 novembre 2009
 » Vers la création d’une plate-forme intergouvernementale science-politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (processus dénommé IPBES)  » sur Tela Botanica

1 commentaire

  1. J’espère, au contraire, que la plateforme IPBES ne ressemblera pas au GIEC, organisme de manipulation des esprits et de laminage de l’esprit critique, fondement de toute activité scientifique.

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