L’arbre, allié de taille

Donnez-moi un arbre et je sauverai le monde, nous dit le botaniste Francis Hallé, qui vient de publier Du bon usage des arbres. Un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques (Actes Sud). Prenons-le au mot. Par quel arbre commencer ? Le platane que planta Buffon en 1785, à l'entrée du Jardin des plantes, à Paris. Les visiteurs peuvent constater sa grande forme 226 années après, alors qu'il n'a jamais été taillé.

Donnez-moi un arbre et je sauverai le monde, nous dit le botaniste Francis Hallé, qui vient de publier Du bon usage des arbres. Un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques (Actes Sud). Prenons-le au mot. Par quel arbre commencer ? Le platane que planta Buffon en 1785, à l’entrée du Jardin des plantes, à Paris. Les visiteurs peuvent constater sa grande forme 226 années après, alors qu’il n’a jamais été taillé.

Car le platane vit très longtemps, comme beaucoup d’arbres. Il est même « potentiellement immortel », précise Francis Hallé : « Un homme est sénescent, c’est-à-dire programmé pour mourir. Pas un platane. » Après la chute des feuilles, la vie repart au printemps et l’arbre retrouve son génome juvénile. S’il n’était pas agressé par les accidents, les maladies ou les humains, le platane vivrait des siècles. « Quand on dit un platane centenaire, on parle d’un gamin en culotte courte », s’amuse le botaniste, qui connaît un olivier âgé de 2000 ans à Roquebrune-Cap-Martin (Côte d’Azur).

Ajoutons que l’arbre crée des colonies. Sexué, il distribue des graines alentour, mais il étend aussi des racines à partir desquelles des descendants poussent. Voilà pourquoi on trouve des platanes centenaires entourés de vieux frères, des peupliers se renouvelant depuis 10 000 ans dans l’Utah, des crésotiers (Larrea) de 13 000 ans dans le désert de Mojave (sud de la Californie), et un houx royal de 43 000 ans s’étalant sur un kilomètre, en Tasmanie. « L’histoire de notre espèce zoologique tient dans la vie d’un arbre. Cela devrait nous ramener à l’humilité », philosophe Francis Hallé. C’est sans doute le premier service que nous rend l’arbre.

L’autre prodige de l’arbre est de résoudre ses problèmes sans bouger. C’est un bon citoyen, décoratif, taiseux, économe, calme et courageux. Il se contente de peu – lumière, eau, oligoéléments – et déjoue ses ennemis sans bruit, en développant un arsenal chimique. Un if produit des molécules qui éloignent souris et insectes et, ce faisant, il fournit le taxol à l’homme, un anticancéreux efficace. Et chacun sait que le tilleul ou le bouleau, le noisetier ou le citronnier donnent des médicaments.

Lire la suite de l’article du 20/11/2011 sur Lemonde.fr

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Photo d’illustration : Platanus x hispanica Mill. ex Münchh., par Hervé Goeau (licence cc-by-sa). Illustration tirée de la galerie d’images du Carnet en ligne.

2 commentaires

  1. Si un jour vous passez par Lamanon, dans les Bouches du Rhône, allez voir le fameux platane (de loin, car dans une propriété privée) : impressionnant, tri centenaire, parait-il (j’aurais dit plus, surement impressionné par sa taille, j’en perds toute objectivité)sans être chauvin, celui de Buffon (bien que très beau) fait un peu riquiqui. Lui non plus n’a jamais été taillé : les charpentières du bas rejoignent carrément le sol pour repartir ensuite vers le haut. Vous pouvez en voir des photos, bien sur, sur Internet

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