Le transport du feu au creux d’une férule

La tige de la férule est-elle creuse ou pleine ? Quels étaient les usages de cette tige si légère et si robuste ? Ce sont quelques unes des questions que Claude Marco s'est posé et auxquelles il essaie de répondre dans un article exclusif qu'il nous a fait parvenir...

La tige de la férule est-elle creuse ou pleine ? Quels étaient les usages de cette tige si légère et si robuste ? Ce sont quelques unes des questions que Claude Marco s’est posé et auxquelles il essaie de répondre dans un article exclusif qu’il nous a fait parvenir…

Claude MARCO est un des principaux auteurs de l’ouvrage « les salades sauvages » publié par les Ecologistes de l’Euzière. Depuis une dizaine d’années il s’efforce de faire, du monde végétal, l’objet de spectacles de plein air. En cherchant à reproduire le geste de Prométhée, dérobant le feu « au creux d’une férule » (Hésiode), il a été amené à s’interroger sur un mode de transport du feu, dont il est dit, qu’il serait une « pratique millénaire » ( P. Lieutaghi, 2006) encore en usage (« les marins allument leur pipe avec cette herbe sur le pont de leur bateau » – D. Le DANTEC, 2011).

Daniel Mathieu

8 commentaires

  1. C’est génial, merci Marco.

    Dommage qu’il soit exclusivement question de tiges, car ce texte m’a évoqué à plusieurs reprises la découverte que m’a permise mon collègue Olivier Jacqmin, voici quelques année, de l’étonnant succédané d’amadou que représente l’infrutescence mûre des massettes (Typha latifolia), autres « roseaux » ! Essayez et vous verrez.

    1. Je viens de lire l’article avec grand intérêt.

      En Ardèche, il n’y a que Ferula glauca, on n’a jamais trouvé de Ferula communis.

      J’ai fait aussi de nombreux essais de conservation du feu dans les tiges de Ferula glauca. La moelle se consume bien et rapidement quand on l’a extraite de la tige, mais à l’intérieur elle s’éteint très rapidement, un peu moins quand on fait des trous dans « l’écorce ». On ne voit d’ailleurs pas d’où viendrait l’oxygène nécessaire à la combustion, si ce n’est en soufflant régulièrement dessus, en agitant très fort la tige de férule ou par grand vent.

      Après avoir enfumé plusieurs fois ma cuisine (odeur assez âcre) ma femme m’a mis en demeure d’arrêter mes expériences… ce que j’ai fait, en concluant que j’étais nettement moins malin que Prométhée ou même qu’un marin grec.

    2. Moins malin que le Titan Prométhée aux « ruses retorses » c’est normal.
      Mais pour le marin, …
      Il ne faut jamais avoir mis les pieds dans un port pour pouvoir l’imaginer en 2011, accoudé, au bastingage, contemplant un coucher le soleil, la main ne cessant de caresser sa barbe que pour remonter la casquette ornée d’une ancre, avant de plonger dans la poche pour en sortir le morceau de férule enflammé qui va lui permettre d’allumer sa pipe.

    3. Pour l’usage des plantes que vous citez et de la férule comme « initiateurs de feu », l’ouvrage de référence est la thèse de Bertrand Roussel, (2005) – La production du feu par percussion de la pierre – citée dans l’article. L’auteur (actuellement directeur du musée de Terra Amata à Nice) s’est livré à des expérimentations avec diverses plantes.

  2. Pas encore lu votre article…
    D’apres Jean pierre Vernant,specialiste de la mythologie greque,c’est à l’aide d’une tige de fenouil que prométhée a volé le feu à Zeus pour le donner aux hommes… S’agissait-il d’une férule???
    Sujet passionnant donc,et merci pour votre article qui permettra de faire progresser mon enquête.
    Cordialement,
    P bricard

    1. Je pense qu’il s’agissait de la férule, très souvent considéré comme un « fenouil géant ». « Gros Fenoui » est d’ailleurs le nom provençal recueilli par Garidel au début du XVIII° s; pour la plante.

  3. En ce qui me concerne j’utilise les tiges de grande férule une fois séchées et coupées à la dimension désirée comme canne de randonnée;c’est extrêmement léger et robuste et Yves Delange, botaniste bien connu, en a emporté une dans ses bagages, il y a quelques années, ce qui avait entraî,é des discussions passionnées sur cette plante avec les passagers de son train!.
    Marie-France Arcelin

  4. J’ai lu l’article avec intérêt. Une petite remarque. La fraxinelle (dictamus ….) est réputée pour diffuser une essence qui s’enflamme très facilement. Elle semble être citée à la fin du document.
    Pourquoi le transport du feu ne serait pas tout simplement le transport de la fraxinelle, permettant d’allumer le feu très facilement ? Encore de nos jours on aime garder les secrets, et donc la férule est visible, mais est-ce que c’est sa moelle en incandescence qu’on cherchait à transporter ?
    Elle (fraxinelle) est rare par ici, mais je pense assez commune en Crête.
    Il me semble que chercher à transporter du feu sur une longue distance, n’est pas très logique, à moins que l’allumage de celui-ci soit très complexe et aléatoire. Transporter un allumeur fiable est bien mieux.

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