Visite de l’herbier du Natural History Museum de Londres

Profitant d'un passage à Londres j'ai eu l'occasion de découvrir l'herbier du Natural History Museum le lundi 30 juillet 2012. Cet extraordinaire musée, dont je recommande vivement la visite, dispose dune collection de 70 millions de spécimens dont 6 millions de planches d'herbier. Un nouvel espace, le Darwin Center, accueille ces collections et permet d'établir des contacts entre les chercheurs et le public

Profitant d’un passage à Londres j’ai eu l’occasion de découvrir l’herbier du Natural History Museum le lundi 30 juillet 2012. Cet extraordinaire musée, dont je recommande vivement la visite, dispose dune collection de 70 millions de spécimens dont 6 millions de planches d’herbier. Un nouvel espace, le Darwin Center, accueille ces collections et permet d’établir des contacts entre les chercheurs et le public

Personnes rencontrées :
– Dr Robert HUXLEY, Head of collections, Departement of Botany
– Dr Jovita CISLINSKI YESILYURT, Collection Manager, Cryptogamic herbarium

Le Musée d’histoire naturelle de Londres (Natural History Museum) est l’un des trois grands musées installés le long de Exhibition Road, dans le quartier de Kensington à Londres (les deux autres sont le Science Museum et le Victoria and Albert Museum). Il accueille des collections de sciences de la vie et de la terre (environ 70 millions de spécimens). Rempli des trouvailles de l’empire colonial, il compte notamment les collections apportées par les explorateurs Hans SLOANE (1660-1753) qui en fut l’initiateur, Joseph BANKS (1743-1820), Charles DARWIN (1809-1882), etc. Les collections ouvertes au public sont assez extraordinaires et couvrent un très large éventail de disciplines (minéralogie, préhistoire, paléontologie, biologie humaine, etc.) et l’entrée est gratuite, comme pour l’essentiel des musées de Grande Bretagne ! A ne pas manquer si vous visiter Londres.

La remarquable architecture du bâtiment principale du NHM
La remarquable architecture du bâtiment principale du NHM

Les collections botaniques sont constituées par deux herbiers : phanérogames et cryptogames et un corpus impressionnant d’ouvrages anciens. Les herbiers contiennent environ 6 millions d’échantillons (4 millions pour les phanérogames et 2 milions pour les cryptogames) et de nombreux spécimens types (environ 170 000) dont la répartition est la suivante :

Flowering plants and gymnosperms : 3 818 000 échantillons dont 110 000 types
Pollen and spores : 13 000 échantillons
Ferns and lycophytes : 280 000 échantillons dont 7 000 types
Bryophytes : 900 000 échantillons dont 32 000 types
Diatoms : 300 000 échantillons dont 12 000 types
Algae : 232 000 échantillons dont 10 000 types
Lichens : 395 000 échantillons dont 10 000 types
Champignons myxomycetes :51 000 échantillons dont 250 types

Environ 60 à 70% des types ont été identifiés, ils représentent en moyenne 2,6% des échantillons. L’herbier est organisé en deux sections : l’herbier général et l’herbier de Grande Bretagne auxquels on doit ajouter les herbiers historiques (Hans Sloane, Joseph Banks, etc.).
Les échantillons sont classés selon APG3 (familles puis genres et espèces). Environ 80 000 ont été numérisés dans le cadre du programme GPI (Global Program Initiative) financé par la fondation américaine W.A.Mellon. Ils sont équipés pour cela de 6 herbscans pour la phanérogamie et 2 pour la cryptogamie. Le personnel affecté aux herbiers comprend 15 salariés permanents en charge des collections (maintenance, recherche de types, numérisation, prêts, etc.). Une quinzaine de chercheurs et une douzaine de thésards et de posdocs travaillent dans les laboratoires attenants aux herbiers, soit au total un effectif de l’ordre de 35 à 40 personnes.

Spécimen de Cyperus de l'herbier de Hans SLOANE
Spécimen de Cyperus de l’herbier de Hans SLOANE

Concernant la numérisation, ils envisagent de s’équiper prochainement de caméras haute définition permettant de scanner plus rapidement les spécimens (1 200 images par jour). Cette activité serait menée dans le cadre d’une demande de financement européenne en partenariat avec 35 autres grandes institutions dans le programme CETAF (Consortium of European Taxonomic Facilities)

En terme d’infrastructures, le NHM a lancé la réalisation d’un nouvel immeuble, le Darwin Center, pour accueillir les collections mais aussi le public. 850 m2 de bâtiments ont été ouverts pour de nouveaux laboratoires pour les 300 scientifiques qui travaillent dans le NHM.

Le nouveau Darwin Center
Le nouveau Darwin Center

Ce bâtiment situé au centre du musée à une triple vocation :
– disposer d’un espace de stockage fonctionnel et adapté aux collections,
– faciliter le travail des chercheurs au sein de nouveaux laboratoires bien équipés,
– permettre au public de voir les collections et les chercheurs au travail (on peut observer les scientifiques dans leur laboratoire et le travail dans les collections au travers de larges baies vitrées) et découvrir le travail des naturalistes grâce de nombreuses stations informatiques interactives.

Ce nouveau bâtiment a ouvert ses portes il y a deux ans. Il a coûté £60 millions (76 millions d’euros) et a été financé par diverses fondations (Wellcome, Lotery…) et par le gouvernement. La mise place des collections n’est pas encore achevée. De nombreux « backlog » (boites contenant des échantillons à reconditionner) n’ont pas encore été ouverts et classés dans les nouveaux casiers (après passage dans un congélateur pendant 3 jours à -30 °C).

Le NHM bénéficie de l’aide de 40 à 50 volontaires bénévoles pour le département de botanique. Ils travaillent 2 jours par semaines à différentes tâches en fonction de leurs compétences. La plupart sont des jeunes (étudiants qui veulent découvrir le travail de botaniste) et des retraités (souvent très qualifiés). Le NHM les dédommage de leurs frais de transport. Ils constituent un apport en main-d’œuvre non négligeable pour l’institution (classement, conditionnement des échantillons, etc.)

Daniel Mathieu, le 30 juillet 2012

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