Une plante carnivore renferme-t-elle le secret des écosystèmes ?
Pour mieux comprendre le fonctionnement des plus grands écosystèmes, un chercheur a eu l’idée de regarder dans une plante carnivore. Les urnes de la sarracénie pourpre renferment des pièces d’eau particulièrement riches en vie. Or, il est plus facile d’étudier un milieu qui tient dans la main qu’un lac tout entier…
Les milieux aquatiques, comme tous les autres écosystèmes de la planète, possèdent chacun leur propre réseau trophique, c’est-à-dire un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles. Leur fonctionnement fait l’objet d’études approfondies depuis de nombreuses années, mais des interrogations persistent sur le rôle joué par différents facteurs. Est-ce plutôt la taille d’un lac, son éloignement par rapport à une autre pièce d’eau, ou encore la présence de tel ou tel prédateur qui peut expliquer l’apparition d’un réseau trophique bien précis ?
Des expériences permettent de répondre à ces questions, mais il peut être difficile de réunir toutes les conditions requises, par exemple pouvoir disposer de 60 pièces d’eau aux propriétés identiques, à un facteur près. Ces éléments peuvent être créés en laboratoire, mais peut-on être sûr que les résultats, dont certains prendront des mois ou des années à venir, sont naturels ? Reste la troisième possibilité : la modélisation. Les différents niveaux trophiques peuvent être étudiés séparément, puis simulés dans un programme informatique. Une fois encore, la valeur des résultats peut parfois poser question.
Benjamin Baiser de l’université de Harvard vient de proposer, dans la revue Oikos, une nouvelle alternative pour étudier le développement et le fonctionnement complexe des réseaux trophiques, tout en fournissant une nouvelle référence pour juger la valeur des modèles. En effet, il a trouvé des écosystèmes qui tiennent dans la main, qui peuvent être modifiés facilement, qui s’adaptent rapidement et surtout, qui sont présents par milliers dans la nature, précisément dans les marais et tourbières du continent nord-américain. Il s’agit ni plus ni moins des urnes de la sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea), une plante carnivore.
En savoir plus :
– Lire la suite de l’article du 07/04/2013 par Quentin Mauguit sur le site Futura-Sciences
– Lire l’article Predicting food-web structure with metacommunity models de Benjamin Baiser, Hannah L. Buckley, Nicholas J. Gotelli, Aaron M. Ellison, Oikos Volume 122, Issue 4, pages 492-506, April 2013
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Photo d’illustration : Sarracenia purpurea, Pinhook Bog, Indiana, PitcherPlanter765567 via wikicommons, licence CC-by-sa