Clefs de lecture sur les substrats

Le projet «Tous les jardinier de la terre, de la mer et des zones humides» souhaite vous faire partager une réflexion sur les substrats par Madame Adélaïde BUGUELLOU .
Elle nous apporte quelques « »Clefs de lecture »» pour aborder ce vaste sujet.

En voici le texte avec son autorisation :
« Très objectivement, je qualifie d’adapté un mode de culture qui permet à la plante de développer pleinement ces caractères anatomiques, morphologiques et physiologiques ; de mon point de vue ce n’est pas parce que le mode de culture s’éloigne d’un contexte «« naturel »» qu’il est moins adapté pour répondre aux besoins d’une plante.

Le système racinaire à deux fonctions principales et vitales pour la plante : Fixation et nutrition (eau + éléments nutritifs). Je qualifie donc d’adapté tous supports de culture qui répondent à ses fonctions.

Pour illustrer, je vais prendre deux exemples extrêmes :
Je considère des éléments inertes comme la pouzzolane, les billes d’argiles, la laine de roche, etc…couplés à des apports adéquates d’eau et d’éléments nutritifs sont des supports de culture (substrats) totalement adaptés à une culture hydroponique ; même si ce mode de culture impose une certaine stérilité du lieu de production et du substrat, il se trouve néanmoins approprié à l’objectif fixé de production.
Je considère donc aussi la terre de mon jardin être un substrat totalement adapté aux espèces végétales qui spontanément vont s’y développer de manière représentative. Mais ce milieu n’étant pas stérile et bien plus hostile que du hors-sol (présence naturelle d’éléments pathogènes, apports en eau correspondant aux aléas du climat, éléments nutritifs présent sont une forme qui n’est pas toujours en correspondance avec la capacité d’assimilation de la plante, etc …) dans ce cas-là, les micro-organismes jouent donc un rôle prépondérant puisqu’elle contribue à créer un milieu viable au développement de ces espèces végétales.

Par exemple, dans mon le cas d’une culture hydroponique l’apport de bactéries «nitrifiantes» ne serait d’aucune utilité puisque le N est déjà disponible pour la plante sous une forme exploitable directement par cette dernière, contrairement au substrat de mon jardin ou ces micro-organismes permettent de le transformer sous une forme exploitable et nécessaire à la bonne croissance des plantes qui si trouvent.

De la même manière, je ne pense pas que la bioponie (qui «« copie »» les mécanismes des substrats naturels et dont le substrat est riche en micro-organisme) soit plus adapté que l’hydroponie (qui n’utilise pas ses micro-organismes). Les rendements me semblent identiques dans les deux cas. La différence est juste que la bioponie est plus adapté économiquement car moins couteuse.

Aujourd’hui, si l’on caricature, nos modes de production horticole (historiquement issus de la révolution verte) se trouvent à mi-chemin entre un mode de culture totalement hors-sol et un mode de culture naturel.

Les substrats utilisés et développés pour la production horticole sont donc relativement stériles (peu ou pas de micro-organismes) puisque dans ce mode de culture «« intermédiaire »» les éléments nutritifs sont mis à dispo de la plante sous une forme directement exploitable (ex : engrais à libération lente directement incorporé par le fabriquant ou par apport régulier de l’horticulteur) sans oublier que l’horticulteur gère aussi l’espace pour minimiser les risques d’introduction d’éléments pathogènes nuisibles à sa production. Ces substrats sont donc adaptés à ce type de production.

Tant que le mode de culture (méthodologie) est en correspondance/adéquation avec le type de substrat et inversement le système de production sera adapté.

Le problème c’est qu’aujourd’hui on souhaite utiliser des substrats adaptés à des méthodes d’horticulture issues de la révolution verte pour les utiliser dans un mode de culture extensive; Donc il est normal que ces substrats soit inappropriés puisqu’ils n’ont pas été conçus dans cet objectif.

D’ailleurs dans un message du forum, il est question à un moment des taux de reprise. Les problématiques des taux de reprise médiocre des végétaux achetés proviennent (mais pas que, ok c’est de la caricature) qu’a un instant T on «« oblige »» une plante à passer d’un mode de culture avec un substrat spécifiquement adapté à celui-ci, à un autre mode de culture mais en lui imposant le maintien de ce même substrat.

Ce substrat qui avant était approprié, se trouve donc inapproprié juste après puisque le mode de culture est différent et que ce substrat ne peut répondre à ces nouvelles attentes, car il n’a pas été formulé pour.

C’est donc pour ces raisons que je ne parle pas de carence des substrats car c’est trop subjectif. Je préfère donc parler de substrats (aux qualités physiques, chimiques et biologiques) qui se retrouvent être inappropriés par rapport aux contextes (modes de culture) dans lequel on souhaite l’utiliser pour faire croire une plante.

Un même substrat peut selon moi être qualifié d’adapté ou d’inadapté (de carencé ou non) car cette appréciation qualitative est liée à l’adéquation ou non avec un mode de culture spécifique vis à vis des besoins d’une plante.

Ne vous êtes-vous pas poser la question : pourquoi aujourd’hui ces recherches sur les micro-organismes sont effectuées ?

N’est-ce pas la volonté d’obtenir de nouveaux substrats adaptés à un nouveau mode de culture permettant d’éviter les surcouts générés par le maintien d’un espace « stérile » ? et donc d’être en adéquation avec les attentes (parts de marché) d’une partie des horticulteurs qui se retrouvent obligé actuellement de formuler eux même leurs propres substrats car ils produisent selon un mode de culture différent et auxquels les substrats actuel ne sont pas adaptés pour obtenir un rendement maxi.

Après d’un point de vue éthique et dans un contexte naturel, je rajouterai que les phénomènes d’hétérogénéité des sols (dont l’existence de certains sols pouvant être qualifiés de « carencés ») est un facteur de développement et de maintien de la biodiversité.

Les carences ne sont pas obligatoirement péjoratives ; pour ceux qui se spécialisent dans la production d’espèces sauvages des substrats très « carencés » peuvent pour eux être un atout et une nécessité.

Tout est relatif … parait-il 😉 ?! »

Adélaïde BUGUELLOU

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