Archéologie : l’homme préhistorique mangeait épicé

Ethnobotanique préhistorique !

Ethnobotanique préhistorique !
Les épices sont un compagnon discret, mais cependant important de l’histoire de l’homme. Pendant longtemps, contrôler les routes des épices était synonyme de richesse, et ces plantes ont pour partie conduit au développement des grandes explorations des XVe et XVIe siècles, à la découverte des Amériques et, aussi, à la colonisation des contrées lointaines par les grandes puissances européennes. Mais le commerce et l’usage des épices sont nettement plus anciens que ces épisodes devenus des classiques des livres d’histoire.

Si l’on remonte dans le temps, on trouve les traces de ces échanges dans l’Antiquité romaine, avec la présence d’épices exotiques dans le nord-ouest de l’Europe. Plus loin encore dans le passé, des archéologues ont découvert des clous de girofle dans la Mésopotamie du XVIIIe siècle avant notre ère, ce qui implique une circulation au long cours de ces ingrédients précieux, étant donné que le giroflier ne poussait à l’époque que dans l’archipel des Moluques (actuelle Indonésie). Pour les archéologues, la question est désormais de savoir depuis quand notre espèce assaisonne et relève sa cuisine.

Grâce à une étude publiée le 21 août par PLoS ONE, la réponse est : depuis bien plus longtemps qu’on ne le croyait. Il est particulièrement ardu de mettre en évidence l’usage de plantes lorsque les objets récupérés ont plusieurs milliers d’années, puisque les éventuels éléments végétaux (pollens, graines, morceaux de feuilles) ont très bien pu arriver par accident sur les lieux de fouille. C’est pourquoi les auteurs de cet article ont choisi de travailler sur des tessons de poterie préhistoriques mis au jour sur trois sites datant d’environ six mille ans, au Danemark et en Allemagne. Ils se sont d’abord assurés que la matière incrustée dans ces tessons provenait bien de restes de nourriture. La réponse a été positive, puisqu’il s’agissait de graisses cuites provenant soit de poissons soit de ruminants.

– Lire la suite de l’article de Pierre Barthélémy, 25/08/2013, sur le blog Passeurdesciences.blog.lemonde.fr.

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Photo d’illustration : Allium roseum L., Marie Portas, licence CC by-sa, Flora Data.

6 commentaires

  1. Cet article de blog m’a bien sûr intrigué. A sa lecture, je constate que l’interprétation en est singulièrement abusive. En effet, l’étude archéologique mentionnée atteste uniquement la présence de feuilles ou de graines d’alliaire, plante on ne peut plus sauvage et européenne, que je qualifierais plutôt de plante condimentaire ou de légume sauvage, mais pas d’épice.

    Deux affirmations m’ont étonné :

    1) « L’alliaire officinale n’a pas de valeur nutritionnelle particulière ». Tous les légumes sauvages ont une valeur nutritionnelle (protéines, fibres, minéraux… et en l’occurrence glucosinolates).

    2) Cette découverte « conteste l’idée que les chasseurs-cueilleurs et les premiers agriculteurs exploitaient les plantes uniquement pour leurs besoins en énergie, et non pas aussi pour leur goût ». Je ne sais pas qui a eu cette idée, mais c’est un imbécile. Le goût est perçu probablement par tous les animaux, et donc bien avant l’hominisation. On mange parce que les aliments nous plaisent, pas pour combler ses « besoins en énergie », ce qui une formulation moderne. Et les légumes sauvages ont tous un goût plus prononcé que les cultivés.

    La question n’est donc pas de savoir « depuis quand notre espèce assaisonne et relève sa cuisine », mais depuis quand elle associe des ingrédients pour cuisiner.

    Une mention brève est faite de la découverte de clou de girofle dans la Mésopotamie du XVIIIe siècle avant J.C. Malheureusement, le lien vers l’article initial est tronqué, et ne permet pas de savoir ce que les chercheurs ont réellement trouvé.

    1. Un peu d’oeillère, un peu d’ignorance, et on obtient vite une tisane de très mauvais goût ! Nier que nos ancêtres aient pu choisir leurs nourritures en fonction de leurs goûts, et surtout, qu’ils aient pu manger en prenant soin d’ assaisonner, de parfumer, leur mets c’est vraiment démontrer qu’on ne voit pas plus loin que le bout de son nez… et n’oubliez pas pour trouver, il ne faut pas éviter de chercher, ce que à l’évidence les archéologues oublient dans ce domaine, sauf belles exceptions, louables et intelligentes ! Juste pour rappel, même chez les singes, on pourra trouver un exemple de préférence pour un aliment salé (Koshima). Il est certainement beaucoup plus valorisant d’affirmer que les peintures rupestres démontrent une pensée mystique ! Soit, mais c’est juste probable….

    1. L’histoire se définit simplement par le fait qu’on dispose de sources écrites. Quand on ne dispose que de sources archéologiques, c’est la préhistoire.

      Il y a certes des sources écrites mésopotamiennes, égyptiennes ou hittites. mais elles sont peu disponibles, se limitent souvent à des listes, et l’identification des plantes en est difficile et hasardeuse. C’est pourquoi elles sont rarement utilisées.

      Quant aux autres régions du monde, les sources indiennes et chinoises portent évidemment sur d’autres espèces de plantes, et ne sont pas toujours datables précisément. Les sources sanscrites ne sont en fait pas plus anciennes que les latines ou grecques.

      De plus, toutes ces sources ne sont guère connues que des spécialistes, et il n’existe pratiquement pas d’ouvrages accessibles au grand public.

  2. Ne pas penser que les hommes ont pu associer des ingrédients pour enrichir (ou masquer?) leur bonheur de manger, c’est un peu comme penser qu’ils ont oublié de jouir pour faire des enfants… C’est aussi oublier qu’ils ont pu faire du feu pour autre chose que se chauffer, conditionner leurs aliments, ou s’éclairer. Ce n’est pas par hasard qu’on trouve de multiples « encens » exotiques très tôt dans l’histoire du monde…
    Et surtout, un petit rappel, l’émotion c’est le cœur de l’humanité… et même elle semble au-delà indissociable de la biologie, bien avant la spiritualité… Par contre, il n’est pas suffisant de trouver des traces de « légumes » à goût prononcé pour être sûr qu’ils étaient utilisés comme condiments… Un peu d’effort, ou de désir, chez les paléontologues serait bien venu!

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