Sciences participatives : demain tous chercheurs !

Un article de la Tribune de Genève qui parle notamment du programme de l'herbier numérique citoyen Les Herbonautes.[[Ce programme a été développé par le Muséum national d'Histoire naturelle, dans le cadre [du projet eReColNat->http://recolnat.org/]. L'association Tela Botanica est impliquée dans ces deux projets et assure l'animation de la communauté des Herbonautes.]]

Un article de la Tribune de Genève qui parle notamment du programme de l’herbier numérique citoyen Les Herbonautes.[[Ce programme a été développé par le Muséum national d’Histoire naturelle, dans le cadre du projet eReColNat
Pour accélérer leurs études, les scientifiques sollicitent de plus en plus les citoyens. Au risque d’en abuser ?
Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris possède des trésors cachés. Parmi eux, son herbier. Enrichi depuis quatre cents ans, il abrite huit millions de spécimens provenant de toutes les régions du monde, ce qui en fait le plus grand échantillonnage de la flore planétaire, tant par son volume que par sa valeur scientifique et historique. Hélas, enfermé dans les armoires de la Galerie de botanique, ce joyau reste injustement méconnu.

Afin de le rendre plus accessible, le MNHN a lancé en 2010 un vaste programme de numérisation. Résultat: 6,5 millions de planches fraîchement scannées qu’il faut désormais classer. Manuscrites, datant d’autres siècles, partiellement effacées, les étiquettes contenant les informations caractérisant les spécimens (espèce, date, lieu…) sont illisibles pour les logiciels de reconnaissance des caractères. Pas d’autres choix, donc, que d’y aller à la main. Une tâche titanesque.

La force du collectif
«Nous avons calculé que pour réaliser ce travail, il faudrait cinq cents ans à un chercheur seul», sourit Marc Pignal, botaniste au Muséum. Faute de temps et d’argent, le MNHN a trouvé une alternative: solliciter les web-citoyens. «Nous avons lancé en 2012 lesherbonautes.mnhn.fr – une plate-forme de science participative, raconte Marc Pignal. Ce site propose aux internautes de nous aider, en retranscrivant les informations contenues sur les étiquettes. Cela fait appel à leur culture. Par exemple, pour trouver le nom d’une sombre ville d’Europe centrale, dont la terminologie a pu changer au cours des siècles, il faut de solides bases en géographie.»

A l’image du MNHN, de nombreux scientifiques proposent au grand public de contribuer à leurs recherches. Nul besoin d’être un expert. Du temps et de la concentration suffisent. «Des amateurs ont toujours participé à la science, rappelle Clément Mabi, spécialiste de la démocratie participative, à l’Université de Compiègne. Les fans de botanique collectent des échantillons pour les spécialistes depuis la nuit des temps. Mais le Web a changé les échelles. Il ne s’agit plus de quelques personnes, mais de millions.»

De l’astronomie à la biologie
Lancé en 2007, le projet GalaxyZoo a conduit à l’identification d’un million de galaxies en deux jours, grâce à l’aide de millions d’inconnus. Dans un autre domaine, la plate-forme FoldIt a permis de trouver la structure tridimensionnelle d’une protéine du virus M-PMV – un problème qui bloquait les biologistes depuis dix ans. «Tout le monde me disait que ça ne marcherait pas, poursuit Marc Pignal. Aujourd’hui, je suis fier de constater que sur les 6,5 millions d’images à répertorier, près d’un million a déjà été traité.»

Mais ont-elles été classées correctement? Sans compétence, les citoyens sont susceptibles de commettre des erreurs que des experts ne feraient pas. «Afin d’éviter cet écueil, nous envoyons la même photographie à plusieurs internautes, explique Marc Pignal. Si trois personnes indiquent la même date, il y a de grandes chances que ça soit juste.»

Mieux: «Si le nombre de participants est suffisant, nous obtenons un meilleur résultat que si un expert seul s’était chargé de l’analyse, rapporte François Grey, coordinateur du Centre de cyberscience citoyenne à l’Université de Genève et initiateur de la plate-forme Crowdcrafting.

En savoir plus :
– Lire la suite de l’article de Bertrand Beauté, 30/01/2015 sur le site de la Tribune de Genève.
– Rejoindre le programme Les Herbonautes : lesherbonautes.mnhn.fr

Présentation vidéo (2:23 min.) du programme les Herbonautes

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Photo d’illustration : Narcissus poeticus L., herbier du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris ; Plantes vasculaires (P), spécimen de 1852.

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