Les noms arabes et berbères de La pharmacopée marocaine traditionnelle de Jamal Bellakhdar sont sur Pl@ntUse

Retrouvez [en ligne sur Pl@ntUse->http://uses.plantnet-project.org/fr/Bellakhdar,_Pharmacop%C3%A9e_marocaine_traditionnelle] le travail de Jamal Bellakhdar sur les noms vernaculaires des espèces végétales.

Retrouvez en ligne sur Pl@ntUse le travail de Jamal Bellakhdar sur les noms vernaculaires des espèces végétales.

Le livre de Jamal Bellakhdar (La pharmacopée marocaine traditionnelle. Médecine arabe ancienne et savoirs populaires. Paris, Ibis Press, 1997. 764 p. 12 pl.), épuisé depuis longtemps, est le résultat de longues années d’enquêtes de terrain et de recherches bibliographiques, tant dans les ouvrages des anciens savants de langue arabe que dans les publications scientifiques modernes.

Il contient en particulier de nombreux noms populaires, que l’auteur prend soin de situer précisément dans l’espace, en donnant sa source quand il la reproduit d’un livre publié, et en nous donnant leur sens quand ces noms sont motivés. Un linguiste n’aurait pas fait mieux, et nous remercions l’auteur de nous avoir permis de reproduire ces noms. Ces noms sont accompagnés de leur sens (quand ils ont un sens apparent) ou de leur étymologie.

Un survol des noms arabes et berbères permet de constater la richesse des noms à caractère expressif. Il montre aussi à quel point ces noms s’inscrivent dans l’histoire longue des échanges entre l’est et l’ouest de la Méditerranée, mais aussi entre le nord et le sud. Cela est bien connu des linguistes, mais mérite d’être rappelé. De nombreux noms viennent de l’arabe classique ou de l’arabe de l’est, qui incorporent des noms empruntés au grec, au persan, aux langues indiennes et au turc. Mais on trouve aussi, en particulier en berbère, des noms d’origine latine, qui remontent probablement à l’époque de l’Empire romain, qui a duré de 146 BC à 670 AD environ. Bien plus tard, des noms français ou espagnols ont été empruntés pour désigner des plantes introduites.

Parmi les exemples de noms latins emruntés par le berbère, on citera taydā (taeda) pour Pinus halepensis ou tarūbiya (rubia) pour Rubia tinctorum.

Les notices mises en ligne suivent le plan du livre. Le botaniste pourra les utiliser en cherchant par famille. Il restera à mettre à jour la nomenclature, mais aussi à créer des index. Les noms seront également recopiés dans les pages espèces de Pl@ntUse, pour qu’ils puissent être retrouvés facilement.

Seules les notices sur les plantes ont été reprises. Le livre contient aussi des notices sur les produits animaux et minéraux.

Il nous reste à attendre la publication d’une version révisée et augmentée (de 25% !), que l’auteur nous annonce pour une année proche.

PS. Ces pages viennent s’ajouter aux noms algériens de Trabut et à l’ethnobotanique tunisienne de Le Floc’h. Votre collaboration est la bienvenue.

>> Accéder à Pl@ntUse : http://uses.plantnet-project.org/fr/Bellakhdar,_Pharmacop%C3%A9e_marocaine_traditionnelle

Michel Chauvet

10 commentaires

  1. Cher Monsieur,
    juste pour vous dire que votre affirmation selon laquelle « le Berbère aurait emprunté les noms de Tarubia et de Tayda au Latin » me semble assez légère sinon euro-centriste et même anti-berbère… Permettez-moi de vous rappeler que Magon (qui, s’il n’était pas berbère, a tout de même inspiré par ses 28 volumes tous les agronomes latins à partir de ses enquêtes en … Berbérie) et que la Berbérie était le grenier de Rome et donc sa pharmacie …. Je vais enquêter sur le sens de ces 2 mots auprès de l’IRCAM au Maroc et reviendrait à vous. Mais, dans le doute, permettez-moi de vous conseiller de retirer cette affirmation gratuite, douteuse et sans fondements.
    Pierre Lambert
    Industriel en Pharmacie

    1. Votre affirmation comme quoi je serais anti-berbère est pour le moins étonnante. En faisant ce travail, je contribue au contraire à faire connaître les noms berbères et arabes, qui intéressent bien peu de monde…

      Si vous aviez visité le site Pl@ntUse, vous auriez constaté que je n’ai fait que reprendre des données de Bellakhdar, qui me semblent probables.

      Pour prouver (à l’inverse) une origine berbère de ces mots, il faudrait vérifier s’ils existent sous d’autres formes dans d’autres dialectes berbères. Mais je ne connais aucun dictionnaire historique du berbère.

      Je ne vois pas en quoi il serait choquant que le berbère ait emprunté des noms de plantes au latin. Toutes les langues se sont échangé des mots. Et le berbère a aussi une histoire !

    2. Cher Monsieur,
      voici la réponse d’une linguiste qui est au CA de l’IRCAM qui n’est pas une organisation trostkiste mais financée par le Roi M6 lui-même :
      – Tayda est la conjugaison du mot « Tddi » qui signifie « la taille » en Tamazight. Et s’il y avait un arbre ayant une longue taille ce serait bien le sapin …
      – Tarubia viendrait selon cette même personne de « taru » qui est la conjugaison de « aru » = « qui procrée ». et comme cette plante est bien exubérante,…

      Quant au prétendu caractère innocent de toujours faire que les Imazighen aient toujours copié les autres, il n’est pas étonnant de constater qu’il vous a été inspiré par un berbère, certes savant en pharmacie moderne, mais qui a perdu sa langue et la pensée de ses ancêtres…. pour systématiquement prendre comme référence les arabes (les vrais, ceux d’Arabie Saoudite) qui n’ont, pour ainsi dire donnée AUCUN savant (ni médecin ni mathématicien etc.).
      Bon vent
      Pierre Lambert

  2. Merci et bravo pour cet apport!

    comme je suis entrain de financer une recherche par un organisme scientifique officiel français sur les preuves que beaucoup de noms de plantes (y compris comestibles comme les lentilles/pois chiches, artichaux, etc.) sont d’origine amazighe, pourriez-vous nous en dire plus ?
    BAV
    PL

    1. Votre projet relève-t-il de la linguistique ? Si oui, il faut prendre comme base de départ le livre de Jacques André, 1985. Les noms de plantes dans la Rome antique. Paris, Belles Lettres. XVI-333 p.

      Il faut alors dépouiller tous les noms, en particulier s’ils viennent d’auteurs qui ont vécu en Afrique du Nord.

      Mais il sera difficile de savoir si un nom grec ou latin vient du berbère et non l’inverse. Sans parler du punique.

    2. Bonjour Michel,
      Je viens seulement aujourd’hui de découvrir le message que vous a adressé en 2016 un certain monsieur Pierre Lambert qui, non sans prétention, s’érige en redresseur de torts et vous invite à retirer vos propositions étymologiques concernant les phytonymes amazigh tayda et taroubia (des propositions qui sont en fait les miennes), en attendant qu’il procède à ses propres vérifications et vous gratifie de sa vérité savante. Ce même monsieur, qui est conscient de n’avoir aucune compétence particulière à nous opposer dans le domaine du lexique naturaliste amazigh, essaye de nous impressionner en nous citant en seconde main le traité d’agriculture du carthaginois Magon que personne n’a lu car son œuvre a été perdue, en se réclamant de liens privilégiés avec l’IRCAM, une institution « qui n’est pas une organisation trotskyste – nous dit-il (on ne voit pas ce que le trotskysme vient faire ici) – « mais qui est financée par le roi du Maroc», et en nous annonçant que lui-même soutenait financièrement une recherche portant sur l’origine amazigh de certains vernaculaires végétaux, comme si le fait de mettre la main à la poche pouvait compenser un déficitde savoir.
      Tout le reste de son commentaire est de la même eau : prétentieux, délirant, violent et totalement affligeant ! Tellement affligeant qu’il ne m’est pas possible de laisser passer un tel ramassis de barbarismes et d’incongruités sans réagir.
      Voici donc ma réponse, qui va d’ailleurs dans le sens du point de vue que vous avez défendu.
      1/ La culture amazigh est une grande culture qui a beaucoup contribué à l’identité de l’homme maghrébin et dans la défense de laquelle nous sommes, nous Marocains, les premiers à nous investir sans avoir besoin qu’un tiers, animé par des motivations suspectes, vienne nous faire la leçon. Nous sommes nombreux ici, universitaires ou militants de la langue amazigh, et moi le premier, à entretenir des contacts suivis avec diverses institutions agissant pour la promotion de la culture berbère, dont l’IRCAM, à assister à leurs séminaires, à lire leurs publications, à collaborer avec leurs chercheurs. Pour autant, cette civilisation n’est pas différente dans son fonctionnement de celles qui l’ont précédé et de celles qui en ont hérités. Comme toutes les civilisations du monde, elle a emprunté des connaissances, des mots, des pratiques, des croyances à ses prédécesseurs et a laissé un legs aux suivants. Personne ne dit que les Amazighs ne sont que des copieurs : c’est là un procès d’intention gratuit et un procédé trop facile, consistant à noyer le poisson, faute d’arguments sérieux à opposer à un point de vue que l’on veut réfuter. Les chercheurs de l’IRCAM ne nient d’ailleurs pas que les Amazighs ont fait quelques emprunts aux Romains. C’est normal : les Amazighs de Maurétanie césarienne et de Maurétanie tingitane ont été romanisés, plus ou moins profondément selon les tribus, durant les longs siècles d’occupation romaine. Si ce monsieur Lambert avait eu une toute petite connaissance de l’histoire antique de l’Afrique du Nord pré-islamique, il aurait compris que les interférences culturelles sont inévitables dans de pareilles situations de proximité, qu’elles soient voulues ou imposées.
      2/ Monsieur Lambert ne connaît pas mieux l’histoire mondiale de la science. Quand il nous dit que les Arabes n’ont produit aucun savant, il fait preuve non seulement d’une grande ignorance, mais, plus grave que cela, d’un négationnisme qui est une injure grave à la vérité. Cette allégation mensongère renseigne d’ailleurs très bien sur les vraies motivations du personnage : en fait, ce monsieur avance masqué : derrière sa berbérophilie affichée se cache en réalité une arabophobie manifeste.
      3/ Monsieur Lambert est aussi un ignorant en botanique : tayda, le pin en berbère est une espèce différente du sapin qui a un tout autre nom en amazigh ; et l’artichaut (qui s’écrit avec t et non avec x) ne pouvait être connu autrefois des Berbères, pas plus d’ailleurs que des Romains et des anciens Arabes, car il s’agit d’un cultivar né de la sélection humaine qui ne fut introduit en Méditerranée occidentale qu’au XVIe siècle.
      4/ Venons-en maintenant à la construction étymologique que ce monsieur nous propose pour le vernaculaire amazigh taroubia. Selon lui taroubia, pour la garance, viendrait de « taru » qui serai la conjugaison de « aru » = « qui procrée ». Et pourquoi donc ? Parce que « cette plante est bien exubérante,… » nous dit-il. Quelle belle trouvaille ! Quelle ridicule élucubration ! Mais, hélas, quelle injure à l’esprit imaginatif des Amazighs qui n’auraient jamais caractérisé un végétal par un attribut aussi vague, pouvant s’appliquer à des centaines d’autres plantes de leurs territoires , un attribut qui définit comme exubérante une plante qui ne l’est pas spécialement, et tout cela en passant à côté du seul caractère qui distingue l’espèce : sa production d’un colorant rouge, ce que le vernaculaire taroubia (berbérisation du latin rubia) rend très bien ! En fait monsieur Lambert, qui aurait dû apprendre quelques rudiments de botanique avant de débattre de sujets qui le dépassent, préfère inventer une étymologie tirée par les cheveux plutôt que d’admettre l’idée d’un emprunt de la langue amazigh à la langue romane !
      Au final, ce monsieur Lambert me rappelle un personnage du XVIe siècle qui prétendait posséder la science infuse et dont la fatuité a beaucoup fait rire durant le siècle des lumières lorsque ses écrits ont commencé à être connus en France : il s’agit de Jean Pic de La Mirandole que Pascal et Voltaire ont tourné en dérision en lui prêtant ces paroles : « je peux disserter de toutes choses connaissables» … « et de bien d’autres encore ! ».
      D’ailleurs je ne suis même pas sûr que ce Monsieur Lambert existe réellement et qu’il soit aussi important qu’il le prétend ! J’ai eu la curiosité de faire des recherches sur le web pour essayer d’en apprendre un peu plus sur lui. Je n’ai trouvé qu’une seule mention et il s’agissait d’un pharmacien en faillite dont le nom social a été rayé du registre de commerce! Bizarre quand même qu’un industriel de la pharmacie, qui prétend en plus être un mécène, soit aussi peu mentionné sur la toile!
      Voilà. J’ai dit ce que j’avais à dire. Concernant les attaques ad hominem à mon endroit venant de ce monsieur qui ne sait rien de moi, de mes engagements et de mon parcours, je ne me donne pas la peine de les relever : la calomnie n’a jamais grandi les calomnieurs.
      En réponse à ce message, ce monsieur Lambert pourra déblatérer tant qu’il le voudra. Qu’il sache cependant que la parole est un piège : plus on fait parler les gens de mauvaise foi, plus ils dévoilent leur vrai nature. J’ignorerai en tout cas ses attaques à venir. Mais cela ne veut pas dire qu’il aura eu le dernier mot.

      Jamal Bellakhdar

    1. Bonjour,
      Dans les traités de pharmacopée arabe du Maghreb et de l’Andalousie, une plante porte le nom de « aba imut » qui a donné « baymut » dans le jargon des herboristes. Il s’agit de Verbena officinalis. Le sens du mot est longtemps resté énigmatique. Dans un  article publié dans la revue espagnole Andalus-Maghreb, je propose une étymologie à ce mot.
      Le mot ne veut pas dire  « mort subite ».  Mais en l’absence d’un sens transparent, on lui a accolé plusieurs étymologies a posteriori, des étymologies bricolées. Pour satisfaire ce besoin de sens, il est possible qu’on est fait de « aba imut »  une corruption de « daba imut » (daba = maintenant  » imut = mourir) qui a été compris comme « mort subite’. C’est l’hypothèse que je fais. 

      Jamal Bellakhdar

  3. L’explication daba imut n’a pas bcp de sens, car « daba » a ce sens seulement au Maroc, or le nom existe tel quel dans les autres régions d’Afrique du Nord. Par ailleurs, ce nom apparaît même dans un traite de botanique du XI-XII siècles (Umdat-at-tabib d’al-ishbili) avec ce même nom….très douteux

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