La clématite, plante à fumer et liane tempérée
Investigations sur la clématite.
Suite à ma question sur l’usage de tiges de seringat ou de lilas comme mirliton, le forum ethnobotanique de Tela a dérivé sur la moelle de sureau et la clématite. Cette plante a éveillé les souvenirs de jeux interdits à la campagne, quand les enfants fumaient des entre-nœuds de clématite. Aujourd’hui, il semble que les enfants des villes fument autre chose… Ce fait est en tout cas attesté dans de nombreuses régions, et mentionné par Marcel Pagnol et Louis Pergaud dans La Guerre des Boutons. Une chose étonnante est que les noms locaux de la clématite sont restés bien vivants : herbe aux gueux, ravissano, tiran d’bribeu, visaube…
Deux noms m’ont intrigué, et j’ai découvert des développements insoupçonnés :
– dans de nombreuses régions, la clématite s’appelle viorne ou vioche. Les botanistes de la Renaissance le remarquent (Viorna vulgi, Lobel), et même le Dictionnaire culturel du Robert note que le sens populaire de viorne est « clématite ». Plus fort, quand on lit l’une des rares attestions en latin classique de viburnum, on trouve les vers de Virgile : Verum hæc tantum alias inter caput extulit urbes Quantum lenta solent inter viburna cupressi, traduit classiquement par : Mais cette Rome a élevé sa tête entre les autres villes autant que les cyprès ont coutume d’élever la leur entre les viornes flexibles. Il est clair que ces viornes sont des clématites, contrairement à ce qu’écrivent les latinistes !
– en Normandie et ailleurs, la clématite est la liane ou lienne. Ce mot a été repris par les colons français des Antilles pour désigner les lianes tropicales, car dans l’Ouest de la France, seule la clématite a de longues tiges sarmenteuses et ligneuses. Du français, le mot a été emprunté par l’anglais liana et est devenu le nom générique de cette forme de vie typique des tropiques.
Grâce aux télabotanistes, Pl@ntUse s’est enrichi de pages fournies sur la clématite, l’étymologie de ses noms et les substituts du tabac…
Michel Chauvet
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Image d’illustration : Clematis vitalba L., par Clem, illustration Flora Data, licence cc(by-sa).
13 commentaires
Des souvenirs d’enfance avec mes frères refont surface » fumer en cachette ,au risque des foudres des parents des « viouches » comme on les appelaient dans mon coin du Poitou .
bonjour
Souvenirs confirmés … du côté de Liège, Belgique 😉
Je n’ai ni les connaissances suffisantes ni le temps pour rédiger un rapport quelconque. Je peux simplement témoigner et apporter de l’eau au moulin au sujet des clématite et seringat…
Nous entretenons un modeste parcours botanique dans un coin du Maine-et-Loire.
Hier jour de nettoyage. A la lisière des acacias une C. vitalba en dentelle à + de 5 m de haut. On admire. Et deux participants retraités de commenter :
-Dis-voir, c’est pas ça qu’on fumait quand on était gosse?
– Mais bien sûr, nous on appelait ça de la viorne…
– Ben nous, y avait pas de nom … on disait simplement de la liane.
Quand j’ai vu votre article ce matin j’ai cru entendre comme un écho !
Décidément, la clématite fait parler d’elle ! Une question à laquelle il est difficile de répondre, c’est depuis quand on l’appelle « liane ». Ce peut être un effet en retour des infos sur les lianes tropicales. Pour être sûr du contraire, il faudrait trouver des attestations antérieures à 1492 !
Oui,dans le 57,on disait, soit de la liane ou du bois fumant.
On prenait plaisir à souffler la fumée à travers un mouchoir, blanc, pour voir la trace brune laissée par la fumée
Bon souvenir, cela devait se passer dans les années 55…58
Amicalement
JP
Mais ça nuit a la santé ou pas ? Parce qu’avec mon frère un essayer et je suis pas sure…
j’ai aussi souvenir d’avoir tressé des tiges de de clématites pour en faire une balle, date printemps 1944, lieu entre Clermond Ferrand et le lac d’Aydat, mais c’était peut être une technique tirée des livres de voyages que nous lisions .
🙂
Ça alors, moi qui avait appris que la clématite était une liane méditerranéenne, ou une liane quelque chose. Elle est motu simplement la liane.
Merci !
Souvenirs confirmés, pour la fumette secrète, des lianes, gamins, en Haute Savoie 😉 en 1985 encore…
et bien chez nous dans la campagne messine (57) on appelait ça le bois de cigare et en lisant votre article les souvenirs sont revenus ; merci
Bonjour en effet c’est Clematis vitalba, notre sauvage clématite. Gamin dans les années 50/60 nous coupions des morceaux bien secs de « bois fumant » pour faire comme les grands: des cigarettes avec lesquelles on crapotait
Souvenir confirmer également en Isère, on appelait cette liane » liane à fumé » encore dans les années 1995.
Merci pour les infos.
Dans notre coin de Picardie (je ne suis pas sûr que ce soit le cas pour l’ensemble de la province) on fumait aussi de la liane qu’on appelait « de la ranquille ». Les petits morceaux étaient des cigarettes et les gros (qui auraient pu servir à Tarzan pour se déplacer !) des cigares. Je ne suis pas sûr que c’était très bon pour la santé (ça n’était pas agréable non plus à fumer !) mais à bientôt 80 ans, je n’en suis pas mort !