Noms français normalisés, réactions….
L’article « Un guide pour nommer correctement les plantes en français » publié le 11 octobre, a suscité de nombreuses réactions que nous vous invitons à parcourir en fin de l’article publié précédemment. Voici quelques éléments de réponse aux questions soulevées par les lecteurs.
Nom français versus noms vernaculaires
Les noms français normalisés ne s’opposent pas aux noms vernaculaires qui font partie du patrimoine linguistique et culturel de tous les pays et de toutes les régions. Ils n’ont pas pour objet de les faire disparaître, mais seulement d’appeler une plante d’une manière unique lorsqu’on la mentionne en langue française. Par analogie, les langues régionales font partie du patrimoine culturel (le breton, le basque, l’alsacien, le corse…), mais le français est tout aussi indispensable si l’on veut se comprendre entre différentes cultures. Il faut l’un ET l’autre, pas l’un OU l’autre. Tela Botanica fournit d’ailleurs une liste très riche de noms vernaculaires des plantes dans 7 langues européennes.
Nom français normalisé versus nom scientifique
Oui, bien entendu, on pourrait ne retenir que le nom scientifique pour une dénomination rigoureuse. Mais avez-vous déjà fait une sortie botanique avec le grand public en ne donnant que des noms latins ? Tout le monde est effrayé et ne retient rien… Dans la pratique, nous recommandons de nommer les plantes par leur noms scientifique bien sûr, mais aussi de les nommer avec leur nom français pour faciliter leur accès au public.
Pourquoi mettre une majuscule au nom générique français ?
Ce sujet a été traité dans le cadre du groupe de travail et nous avons fait le choix de mettre une majuscule au nom de genre pour les raisons suivantes »:
– on suit ainsi la pratique scientifique qui affecte une majuscule au nom de genre,
– cette orthographe permet de différencier le « nom français normalisé » des noms vernaculaires qui n’ont pas de majuscule,
– elle permet de distinguer le terme général « le chêne » comme arbre ou bois pris dans sa généralité de celui du « Chêne vert », essence précise à laquelle on fait référence.
Qui va décider du choix des noms français normalisés ?
Cette question n’a pas été posée dans les commentaires qui ont suivi l’article, bien qu’elle soit essentielle ! En effet, l’application du Guide de nomenclature, malgré sa complexité, ne permet pas de décider du choix d’un nom de façon unique. Le choix d’un « nom français » ne se fait pas au hasard des noms déjà existants (vernaculaires) ou à créer (traduction du latin du nom retenu ou de l’un de ses synonymes), mais doit prendre en considération des données historiques, botaniques, géographiques, biologiques, parfois subtiles ou cachées. Il s’agit d’un travail de longue haleine, si on veut qu’il soit pertinent et pérenne. Et il faut que ce choix soit unique !
L’association Tela Botanica s’est engagée à réaliser ce travail dans le cadre d’une convention de partenariat avec le Ministère de l’Environnement, le Muséum National d’Histoire naturelle et de la Fédération des conservatoires botaniques nationaux. Un dispositif a été mis en place pour effectuer ce travail de façon collaborative et nous faisons appel à tous ceux qui sont intéressés pour y participer (voir le Projet « Noms français normalisés » sur le site de Tela Botanica).
La démarche
Dans un premier temps, le guide a été appliqué à un groupe assez large de plantes pour le tester et le faire évoluer en fonction des problèmes rencontrés. Près de 6 000 noms ont ainsi été attribués sur les 20 000 que compte la Base de données des trachéophytes de France métropolitaine (BDTFX) (tous rangs confondus)
Dans un deuxième temps, un travail initié par David Mercier, vise à affecter un nom de genre français aux taxons de rang générique, famille par famille. Ce travail tient compte des particularités botaniques et des clés sont réalisées pour accéder au nom français des genres. Elles seront diffusées progressivement par David sur le site de Tela Botanica.
Dans un troisième temps, seront traités les noms spécifiques, puis infra spécifiques, avec la tenue d’un dictionnaire des épithètes latines et de leur traduction possible en français.
Daniel MATHIEU
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5 commentaires
Très bien ! ravie que Tela-botanica soit chargée de trouver un nom français pour chaque espèces, avec majuscule au nom de genre, ça aide de savoir de quoi on parle sans se coltiner tous les noms latins, les plantes sont trop nombreuses et beaucoup on 36 auteurs & noms latins (trop pour ma mémoire vieillissante) ! Et si vous pouviez éviter le Machin des champs + le Machin des prés + le Machin champêtre + le Machin des prairies … ce serait génial !
Chère Machine (à écrire),
Votre commentaire m’a beaucoup amusé. Merci de cet humour champêtre et décalé.
Le latin « botanique », qui rappelons-le, n’à rien à voir avec celui des romains, comporte de nombreux clins d’œil de botanistes malicieux.
Les dénominations en français devraient donc se hisser au niveau de ces auteurs et faire preuve d’innovation et d’imagination. Je suis bien d’accord avec vous.
Salutations.
PM
Bonjour,
Une petite question que je me pose alors que je rédige un petit document pour des non-spécialistes. Lorsque je parle des vesces, c’est à dire de toutes les espèces du genre Vicia (en italique), dois je employer une majuscule ?
Par exemple : « Les Vesces sont des Fabacées, comme les Lotiers, les Gesses, les Fèves et les Pois. » ou bien : « Les vesces sont des Fabacées, comme les lotiers, les gesses, les fèves et les pois. »
Merci d’avance,
Sophie
Dans notre code de nomenclature des « noms français normalisés » pour la flore, les noms de genre en français prennent une majuscule dans la mesure où ils désigne des taxons bien identifiés. Ce qui est le cas ci-dessus.
Vouloir faire de la botanique sans utiliser le latin ???
Ça ressemble beaucoup à du grand n’importe quoi !
Il vaut mieux faire autre chose !