L’esquisse d’une flore en mouvement
Depuis 2009, l’observatoire de sciences participatives Vigie-flore propose aux botanistes volontaires de participer au suivi des changements d’abondance des espèces végétales les plus communes en France. Les Vigie-floristes participent ainsi à l’amélioration des connaissances sur l’impact des activités humaines et des changements globaux sur la flore métropolitaine. Pour s’impliquer dans ce suivi, inscrivez-vous ici !
Il y a déjà deux ans, Lisa Garnier écrivait un article pour le blog Vigie-Nature qui présentait la tendance de la flore d’Île-de-France à se différencier dans les milieux agricoles (ici).
Une diversité qui diminue
A l’époque, le résultat était étonnant puisqu’il était à l’opposé de la tendance générale qui se dessine actuellement : l’homogénéisation des milieux par l’augmentation d’un petit nombre d’espèces, toutes identiques, des généralistes, par exemple, capables de pousser n’importe où. Le résultat qui avait été mis en évidence en 2014 semble être confirmé par une étude qui vient d’être publiée.
Le cas particulier des milieux agricoles
De 1970 à 2000, des terres agricoles du département de la Côte d’Or ont montré une chute de près de 50 % de la diversité des plantes sauvages. Mais cette perte à l’échelle du champ s’est accompagnée à l’échelle régionale d’une augmentation de 15 % des différences en espèces entre les champs. Cette diminution de la richesse en espèces par champ a conduit à une plus grande différenciation des communautés des plantes sauvages.
Champ de blé tendre barbu – maille Vigie-flore de Raizeux (île-de-France) – 13/06/2016 © Margot Baillin
Vigie-flore sous les projecteurs
L’observatoire Vigie-flore a permis de mettre en évidence une situation particulière où la perte de la diversité des plantes s’accompagne d’une augmentation de la variabilité des espèces trouvées dans les champs ! Ce cas est vraiment spécifique aux milieux agricoles, déjà assez pauvres en espèces.
Du cas particulier à la généralité
Mais que se passe-t-il à l’échelle de la France entière ? Vigie-flore peut-il être capable de mettre en évidence la tendance générale ? La fameuse homogénéisation des espèces végétales ?
7 ans de relevés
Commençons par faire le point sur sept ans d’observations botaniques. 294 personnes ont réalisé des relevés de la flore sauvage répartis sur 554 zones d’observation (dite mailles) d’un kilomètre carré. Parmi ces mailles, notons que 381 d’entre elles ont été suivies par des observateurs bénévoles, 46 par des structures publiques tels que des Parcs naturels régionaux et des réserves naturelles….
Carte des relevés de Vigie-flore depuis 2009 © Gabrielle Martin | MNHN
Quelle flore ?
Toujours dans ce laps de temps, 2 370 espèces de plantes ont pu être identifiées. Soit près de 40 % de la flore métropolitaine, qui en compte environ 6 000. Dans le top dix des espèces comptées en France, on inscrit le Ray-grass (Lolium perenne), le Lierre (Hedera helix), la Ronce (Rubus fruticosus), le Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), le Plantain lancéolé (Plantago lanceolata), le Gaillet gratteron (Galium aparine), le Liseron des champs (Convolvulus arvensis), le Trèfle rampant (Trifolium repens), le Frêne commun (Fraxinus excelsior) et la Renouée des oiseaux (Polygonum aviculare).
Gaillet gratteron, le Liseron des champs, le Trèfle rampant, le Frêne commun et la Renouée des oiseaux © Tela Botanica
Une flore variée
Ce qui est vraiment intéressant, c’est que toutes ces espèces appartenant au top 10 des plus recensées présentent une diversité de stratégies dans leur système de reproduction : il y a des plantes pollinisées par le vent et les insectes, des plantes à floraison hivernale – comme le lierre – et estivale, des plantes capables de reproduction végétative ou asexuée, comme la ronce, certaines dispersent leurs graines par le vent, d’autres par les animaux… et puis on distingue des arbres, des herbacées, des lianes, des annuelles et des pérennes
Alors ? Cette généralité ?
Ces espèces ont peut être un rôle à jouer dans l’homogénéisation des communautés végétales. Nous allons explorer cette éventualité. Ce qui est très probable, c’est que l’observatoire rende compte de l’homogénéisation : on observe en effet après l’analyse des données collectées que la flore du nord de la France échantillonnée dans tous les milieux (forêts, prairies, agricoles, etc.) s’homogénéise légèrement plus rapidement que celle du sud.
Le résultat prouve combien l’observatoire a du potentiel pour suivre les populations végétales dans l’avenir, pour s’engager pour leur conservation et pour informer les parties prenantes de la gestion et la protection de la nature sur l’état de la flore en France.
Merci à tous les botanistes amateurs participants !
Extrait du nouvel article de blog de Vigie-Nature, rédigé par Lisa Garnier, en version originale ici : L’esquisse d’une flore en mouvement.
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Un court-métrage a été réalisé pour le festival « Les Chercheurs Font Leur Cinéma » sur les plantes sauvages en milieu agricole et a obtenu le prix Coup de Coeur du Jury !
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Le protocole de l’observatoire Vigie-flore est disponible ici. Pour vous inscrire et participer au suivi, c’est ici.
Chaque année, les observateurs, les animateurs et les chercheurs du programme se rencontrent pour échanger sur le protocole et les résultats obtenus. Ce sont de nombreux moments d’échanges conviviaux entre botanistes venant de toute la France auxquels tout le monde est bienvenue.
En espérant vous retrouver l’année prochaine, début 2017 !
N’hésitez pas à nous contacter pour toute question à vigie-flore@mnhn.fr.
En souhaitant de belles fêtes,
Gabrielle M.
pour l’équipe Vigie-flore
Vigie-flore est un programme de sciences participatives de Vigie-Nature, mis en place conjointement par le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’Association Tela Botanica en 2009.