160 ans d’acclimatation sur la Côte d’Azur

Une nouvelle mission sur Les Herbonautes vous propose de découvrir les collections du jardin botanique de la Villa Thuret !

Explorez la diversité des espèces exotiques introduites dans le sud de la France depuis le milieu du XIXème siècle ! Ces plantes ont contribué à façonner la Côte d’Azur, l’un des paysages urbains les plus renommés au monde. Palmiers, eucalyptus, mimosas et autres melaleucas … faisaient rêver les botanistes, les collectionneurs et les passionnés d’exotisme qui les ont introduits dans le sud-est de la France dans des « jardins d’acclimatation ».

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Le jardin botanique de la Villa Thuret

Le jardin botanique de la Villa Thuret, situé sur le cap d’Antibes, est l’un des plus anciens. Il a eu un impact majeur dans l’introduction et la diffusion de ces espèces. Plus de 4 000 taxons ont été introduits et étudiés entre 1857 et 1875 ! Nombre d’entre eux sont désormais si communs, si bien intégrés au paysage, qu’on en vient à oublier leur origine exotique. Les scientifiques de l’INRAE essaient de reconstituer l’histoire de ce processus d’acclimatation, pour connaître les voies d’introduction, comparer et analyser réussites et échecs, et aider à la recherche des ressources végétales du futur.

Carte postale de la Villa Thuret 1889
Carte postale de la Villa Thuret 1889 par Unknow, Public domaine

L’herbier

L’herbier historique de la Villa Thuret est une source précieuse d’informations pour identifier, dater et caractériser les espèces emblématiques introduites dans les Alpes-Maritimes. Des échantillons d’espèces autochtones et des échantillons récoltés ailleurs qu’en France se glissent parmi ceux que nous recherchons. Les échantillons récoltés dans le jardin botanique ou à l’extérieur témoignent de leur présence sur ce territoire, des travaux en cours, des réseaux et des échanges de cette époque. Ces derniers sont le plus souvent récoltés par Gustave Thuret (1817-1875), son ami Edouard Bornet (1828- 1911) ou leur successeur Charles Naudin (1815-1899). Les données d’herbier compléteront celles issues de l’exploitation d’archives inédites en cours d’exploration (correspondances, Index seminums, inventaires …).

L’histoire de « l’acclimatation » sur la Côte d’Azur

La frange littorale du sud-est de la France a connu au XIX ème siècle un engouement particulièrement fort pour la botanique et l’introduction d’espèces exotiques. Botanistes, amateurs, jardiniers et horticulteurs se passionnèrent pour une flore exotique dont ils expérimentèrent l’accommodation sur le territoire. Ces végétaux venus de pays lointains étaient prisés pour leur originalité et leur pouvoir évocateur à une époque de recherche d’exotisme. Diffusés dans les villes et jardins, ils apportèrent une ambiance d’apparence ‘tropicale’ qui marqua profondément le paysage. Ces espèces sont aujourd’hui devenues emblématiques de la Côte d’Azur. Elles ont enrichi le patrimoine des ressources biologiques locales et contribué à la diversification des plantes utiles. Elles ont aussi alimenté l’horticulture, activité qui s’est développée sur la Côte d’Azur au début du XXème siècle.

Photographie de la Villa Thuret

Les travaux de Gustave Thuret et l'UEVT

Le botaniste Gustave Thuret s’installa sur le cap d’Antibes en 1857 et y fonda un jardin botanique où il introduisit des milliers d’espèces du monde entier. Avec ses collaborateurs et ses successeurs (Edouard Bornet, Charles Naudin, Georges Poirault), il contribua de façon majeure à l’essor de l’acclimatation dans la 2 ème moitié du XIX ème siècle en apportant sa démarche scientifique et en diffusant les espèces étudiées et les connaissances auprès des autres botanistes, horticulteurs et jardiniers de la région.

Spécimen d'Hibiscus de l'herbier de la villa Thuret
Spécimen d'Hibiscus par l'herbier de la villa Thuret, licence CC-BY

Le processus d’acclimatation est étudié par l’Unité Expérimentale Villa Thuret (UEVT). avec plusieurs objectifs :

  • Retracer l’histoire des espèces végétales introduites à la Villa Thuret depuis le milieu du XIX ème siècle ;
  • Étudier la diffusion locale de ces espèces et l’évolution de leur répartition au fil du temps ;
  • Analyser le processus « d’acclimatation » à partir de ces données historiques, des échecs et des réussites ;
  • Alimenter les bases de données partagées sur les espèces méditerranéennes, leur phénologie, leur adaptation aux changements globaux.

Ces résultats sont ensuite analysés pour construire une méthodologie et orienter les choix des espèces à introduire en fonction des besoins scientifiques et d’expérimentation.

La mission

Plus de 3 200 spécimens de l’herbier de la Villa Thuret vous attendent dans la mission sur les Herbonautes !

Cette mission est proposée par Sarah Delorme et Catherine Ducatillion – de l’Unité Expérimentale Villa Thuret.

Vous y retrouverez des représentants des familles Araucariaceae, Arecaceae, Cupressaceae, Ericaceae, Fagaceae, Malvaceae, Myrtaceae, Podocarpaceae, Proteaceae et Rhamnaceae.

En rejoignant cette mission, vous participez à l’informatisation des données sur ces plantes introduites. Vous contribuez aussi à centraliser les informations sur chaque spécimens et à les localiser avec précision.

3 commentaires

  1. Très intéressant je n en doute pas j irais prochaine lors de mes prochaines visites intra-familial.
    Je voudrais vous communiquer un autre lieux tout aussi remarquable avec un regard plus militant de la protection des espaces naturels des paysages méditerranéennes ( Mondiale ) avec la cohabitation de la biodiversité locale. Avec des jardiniers précurseurs des espaces jardinés naturels  » Domaine du Rayol  » http://www.domainedurayol.org Un lieux où s’opère la magie des essences mais pas que à ne pas manquer à mes yeux de Jardiniers.

  2. Entièrement d’accord avec vos propos sur le « Domaine du Rayol », situé dans le Var, où je ne manque jamais de faire visite lorsque je me rends dans la région, principalement en période de vacances estivales. Le site est exceptionnel et l’organisation des jardins en thématiques « régions du monde » ( = climatiques) est des plus intéressantes. On pourra également s’attarder dans les expositions permanentes – une réussite pédagogique – et même au restaurant à la pause déjeuner. Un lieu à visiter en famille ou en botaniste passionné !

  3. Charles Naudin a envoyé des plants à Joseph Vallot pour qu il fasse à son tour un jardin d acclamation des plantes exotiques mais à Lodeve dans l Hérault. Il a ainsi édité les résultats de seize ans d acclimatation et vous pouvez le trouver en ligne sur la BNF gallica. le titre est : Les plantes exotiques ornementales que l on peut cultiver dans la region de l Olivier. Seize ans d acclimatation à Lodeve Hérault par Joseph Vallot . Paris 1902.

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