Un Mouron qui se fait un peu moins de mouron

Connaissez-vous le Mouron rouge ? Dans le cadre de notre appel à rédaction d’articles sur le thème des herbes folles, Brigitte Putod vous propose de le découvrir !
Lysimachia arvensis (L.) U.Manns & Anderb echardour
Lysimachia arvensis (L.) U. Manns-Anderb par Jean-Claude Echardour, CC BY-SA, Tela Botanica

Un Mouron qui se fait un peu moins de mouron

Eh oui, je me fais moins de mouron car certaines villes commencent à accepter de me laisser pousser le long des trottoirs.

J’en appelle à tous les jardiniers, ce n’est pas un plaidoyer, bien que….

Jardiniers, arrêtez de mal m’aimer, arrêtez de m’arracher sans me regarder, sans même m’observer, arrêtez de considérer que je nuis à la propreté de vos trottoirs, que je nuis à vos cultures.

Je participe à la biodiversité, je protège la terre des pluies battantes, je vous donne l’heure, la météo ! Je suis une plante bio-indicatrice. Je vous indique que le sol est acide, riche en nitrate, léger, ressuyé, remué…

Vous me reconnaissez ?

Je suis le Mouron rouge Lysimachia arvensis (L.) U. Manns & Anderb. (=Anagallis arvensis L.)

Dit fausse Morgeline, Pimprenelle écarlate, Muguet rouge

Et aussi Baromètre du pauvre, Miroir des champs.

On me nomme ainsi, car je ferme ma fleur si le ciel s’obscurcit et hop, on a de la pluie

Miroir des champs car je ne fleuris que par beau temps.

Vous voilà avertis ! Eh oui, je suis réceptive à l’hygrométrie et à l’intensité de la lumière.

J’ouvre et ferme ma fleur toujours à la même heure. Je figure dans l’horloge florale de Linné.

Je suis une annuelle à la taille très modeste. Mon port est étalé.

Mes tiges sont souples et ramifiées à la base, elles sont glabres et forment 4 angles.

Attention ! malgré ma tige carrée, je n’appartiens pas à la famille des Menthes (Lamiacées). J’appartiens, selon la classification que vous choisirez, soit à la famille des Primevères (Primulacées), soit à la famille des Lysimaques et des Cyclamens (Myrsinacées).

Mes feuilles, sans pétiole, ovales ou lancéolées, d’un beau vert franc, sont opposées, ou verticillées par 3.

Et, particularité, en dessous, ma feuille aux bords blanchâtres est légèrement velue et surtout, elle est ponctuée de points noirs.

Ce qui me différencie du Mouron des oiseaux : Stellaria media (L.) Vill.

Mouron avec lequel je n’ai aucun lien de parenté, lui appartient à la famille des œillets (Caryophyllacées) et sa feuille est pareille des deux côtés.

Lui est comestible, et moi toxique !

Mammifères et oiseaux, ne vous trompez pas !

Ma floraison s’échelonne sur toute la belle saison, à l’aisselle de mes feuilles un long et fin pédoncule porte ma fleur solitaire.

Fleur éphémère, qui ne dure qu’une petite journée mais que les Syrphes ont le temps de repérer et butiner.

Ma fleur est régulière, plate en forme de roue, toutes mes pièces florales vont par 5.

5 pétales rouge-brique se chevauchent légèrement et sont soudés à la base, base de couleur magenta.

Quelques fois, j’ai des fleurs bleues, ce qui casse la tête aux botanistes.

Comment savoir si c’est moi Mouron rouge ou ma cousine Mouron femelle (Lysimachia foemina (Mill.) U. Manns & Anderb.)

Astuce : Prenez une loupe et comptez les poils glanduleux sur le sommet des pétales !

Moi, j’en ai plus de 30 et ma cousine moins de trente.

Plus facile, les pétales de ma cousine ne se chevauchent pas et sa tige florale est moins longue que sa feuille.

Revenons à ma fleur, admirez les couleurs du cœur, les 5 étamines au filet poilu de couleur magenta, filet terminé par une anthère d’un jaune éclatant.

L’ovaire bien rond surmonté d’un style couleur magenta à stigmate arrondi vert jaune.

Fleur ravissante, n’est-ce pas ?

Ravissante pour qui daigne se baisser et regarder.

Allez, Je vais encore vous étonner.

Ma tige florale se recourbe vers le bas quand elle porte la pyxide.

Eh oui ! Mon fruit est une pyxide.

Quèsaco une pyxide ?

C’est un fruit sec, un vase rond qui s’ouvre par une fente circulaire, comme un couvercle.

Très pratique pour disséminer les graines.

Une pyxide contient 20 à 45 graines, ces minuscules sont brunes-noirâtres, rugueuses, écailleuses, papilleuses.

Chaque plante produit 500 à 1000 graines, vous comprenez pourquoi on peut vite ensemencer votre terrain !!!

Mes graines sont toxiques pour les oiseaux, mes feuilles pour les petits mammifères.

Vous, les hommes, m’attribuez des propriétés médicinales, des propriétés bio-indicatrices.

Alors, suis-je bonne ou mauvaise herbe ?

Dois-je encore me faire du mouron ?

En savoir plus sur le Mouron rouge

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Cet article a été rédigé par Brigitte Putod suite à l’appel à articles sur le thème “Les herbes folles du milieu urbain au monde rural”.

Si le thème vous intéresse, nous vous invitons à consulter les conditions de participation en cliquant sur le lien ci-dessous et à nous transmettre vos articles à l’adresse suivante : appel_article@tela-botanica.org ! Au plaisir de vous lire !

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