La concubine impériale et les litchis

L’histoire de Chine raconte que la concubine impériale Yang Yuhuan, favorite de l’empereur Xuanzong des Tang, avait un amour immodéré pour les litchis, que l’on faisait venir à bride abattue du lointain sud de la Chine jusqu’à la capitale de l’Empire. Un poème célèbre de Du Fu évoque cette anecdote.

La concubine impériale Yang (杨贵妃 [yáng guìfèi], 719-756), qui s’appelait non pas Yang Guifei comme on le lit souvent (« guifei » signifie concubine impériale), mais Yang Yuhuan (杨玉环 [yáng yùhuán]), était la favorite de l’empereur Xuanzong des Tang (唐玄宗 [táng xuánzōng], 685-762). Elle est considérée comme l’une des quatre femmes les plus belles de l’histoire de Chine. L’empereur l’aimait tellement qu’il délaissait les affaires du gouvernement et passait tout son temps avec elle. Il n’avait bien entendu rien à lui refuser.

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Yang Yuhuan (peinture du peintre japonais Takaku Aigai (1796 - 1843) 高久靄厓, Public domain, via Wikimedia Commons)

Originaire du Sichuan (centre ouest de la Chine), Yang Yuhuan aimait par-dessus tout les litchis (荔枝 [lìzhī]) cultivés dans l’ouest de sa province natale. Un jour, le hasard lui fit goûter aux litchis du Lingnan (extrême sud de la Chine), qu’elle trouva très supérieurs à ceux dont elle avait l’habitude de se délecter. Apprenant cela, l’empereur décida de mettre en branle, à l’époque de la récolte des litchis, le système des postes impériales afin que fussent amenés à sa bien-aimée les fruits frais. La capitale Chang’an était cependant éloignée de plus de 1 000 kilomètres des plantations de litchis du Lingnan, aussi les cavaliers des postes impériales devaient-il se relayer sans relâche et galoper à bride abattue pour être en mesure d’apporter les litchis à la concubine avant qu’ils ne se gâtent.

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Litchis frais (Photo : Pascal Médeville)

Cette anecdote est souvent donnée comme un exemple de l’incompétence de l’empereur Xuanzong et du caractère capricieux de la jeune femme. Pendant que le souverain prenait du plaisir avec sa concubine et délaissait les affaires de l’État, un dénommé An Lushan, associé à la famille de Yang Guifei, fomenta une révolte qui faillit renverser la dynastie.

Le fameux poète Du Mu (杜牧 [dù mù], 803-852) inspiré par les heures noires de l’histoire des Tang, composa un triptyque dans lequel il dénonça de façon à peine voilée l’indolence de Xuanzong. C’est dans le premier quatrain de ce triptyque qu’il évoque l’amour immodéré de la jeune Yang pour les litchis :

长安回望绣成堆,山顶千门次第开。
一骑红尘妃子笑,无人知是荔枝来。

« De Chang’an on aperçoit dans le lointain la splendeur des jardins impériaux sur les collines,
L’une après l’autre s’ouvrent les milles portes du palais au sommet de la montagne.
Une destrier soulève nuage de poussière rouge, faisant naître un sourire sur les lèvres de la concubine,
Personne ne sait que c’est parce les litchis sont arrivés. »

La concubine impériale Yang connut un destin tragique, puisque l’empereur Xuanzong fut contraint de la laisser mettre à mort par la garde impériale qui attribuait les malheurs de l’Empire à Yang et refusait d’avancer alors que l’empereur et sa cour fuyaient, talonnés par l’armée rebelle.

3 commentaires

  1. J’habite à Taiwan et la saison des litchis, c’est au printemps, au mois de mai. Cela est pour moi une indication utile pour laisser aller mon imagination à la lecture de ce poème de Du Mu : l’intensité lumineuse, la température extérieure, l’aspect de la végétation des jardins impériaux à cette période de l’année.

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