[Auprès de mon arbre – APA] Focus sur un projet de science participative pour les enseignants

Vous êtes enseignant et souhaitez engager votre classe dans un projet de science participative sur les thématiques de l’écologie et de la biodiversité autour de l'ARBRE ? Le projet Arbor’ECOL est fait pour vous !

Nous vous proposons une interview de Bastien Castagney, coordinateur du projet Arbor’ECOL, qui vient de rejoindre la communauté Auprès de mon arbre.

Photo par Patricia Marzin-Janvier

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis écologue au laboratoire BIOGECO. J’étudie les interactions entre les arbres et les organismes qui leur sont associés. Je m’intéresse en particulier aux insectes herbivores. J’essaie de comprendre comment les arbres se défendent contre leurs attaques, et comment ils sont aidés par ceux que l’on appelle “les ennemis naturels” des herbivores ; autrement dit, les prédateurs et les parasites des herbivores.

D’où est venue l’idée de ce projet ?

Le projet Arbor’ECOL est en fait le “petit frère” d’un projet que je coordonne depuis 2018, le projet Tree Bodyguards. La filiation est intéressante ! A l’origine, notre objectif était de comprendre comment le climat modifie la manière dont les arbres se défendent et sont défendus contre les attaques d’insectes herbivores. Nous avons réalisé une seule et même expérimentation avec une centaines de classes et une cinquantaine de scientifiques, mais dans 17 pays d’Europe.

Le principe de l’expérimentation est très simple : au printemps, on fabrique 20 fausses chenilles avec de la pâte à modeler, que l’on installe dans un chêne. Les insectes et les oiseaux insectivores les attaquent comme s’ils s’agissaient de vraies chenilles. Au passage, ils laissent une trace de mandibules (l’équivalent des dents pour les insectes) ou de bec. Il nous suffit de compter combien de fausses chenilles présentent de telles marques pour quantifier l’activité des prédateurs. En même temps, on observe les feuilles des chênes pour déterminer combien ont été mangées par les herbivores. Cela nous permet de relier l’activité des prédateurs à celle des herbivores. Et comme l’expérience est répétée dans 17 pays, certains étant plus chauds (par exemple l’Espagne) que d’autres (par exemple la Suède), alors on peut comprendre comment le climat modifie les relations entre les arbres, les herbivores et les prédateurs.

Le fait est qu’à mesure que l’on avançait dans notre étude, on s’est rendu compte qu’il nous manquait quelque chose. En effet, sans que l’on ait pu le prévoir à l’avance, certaines écoles étaient en ville, d’autres à la campagne. Or, on sait par ailleurs que la biodiversité, et notamment celle des oiseaux, est très différente entre la ville et la campagne. C’est de là qu’est venue non pas l’idée, mais la nécessité de recentrer le projet sur les effets de l’urbanisation.

Quel est l’objectif de ce projet Arbor’ECOL ?

Le principal objectif du projet Arbor’ECOL est de comprendre comment l’urbanisation modifie la biodiversité, et en cascade le rôle qu’elle joue dans la résistance des arbres aux attaques d’insectes herbivores. Pour cela, nous utilisons la même démarche que celle que nous avions éprouvée dans le projet Tree bodyguards, mais en ajoutant une dimension : la diversité des arbres. Aussi, nous invitons les classes qui s’inscrivent pour participer au projet à mettre en place les fausses chenilles au printemps dans un chêne, mais aussi à identifier les arbres voisins, et bien sûr à partager cette information avec nous.

Il y a bien sûr un objectif caché au projet : celui de faire sortir les élèves en dehors de la classe pour découvrir leur environnement immédiat sous un angle nouveau, celui de l’écologie et de la science.

Photo par Patricia Marzin-Janvier
Photo par Patricia Marzin-Janvier

Quel est l’intérêt de participer à ce projet ?

Pour nous scientifiques, il s ‘agit d’abord d’obtenir un maximum de données sur les interactions entre les arbres, les insectes herbivores et leurs prédateurs, dans un maximum de situations. L’approche participative nous permet de multiplier les observations. Cela renforcera notre capacité à généraliser les résultats que nous obtiendrons.

Mais on ne se lance pas dans ce genre de projet uniquement pour obtenir des données. Il est évident que c’est aussi pour moi l’occasion de présenter aux élèves et aux enseignants la recherche “vue de l’intérieur” et de montrer comment l’on peut construire les connaissances scientifiques en écologie.

Il y a aussi un intérêt pédagogique, mais ça serait plus aux enseignants d’en parler (quelques pistes ici et)

Combien de classes ont déjà participé à ce projet ?

A ce jour (30 octobre 2022), nous collaborons avec 45 classes, de l’école primaire au lycée, soit quelques 1300 élèves. Il est encore temps de rejoindre le mouvement, nous acceptons les inscriptions jusqu’en février 2023.

Avez-vous eu des retours ?

Nous avons beaucoup échangé avec les enseignants et les élèves depuis le lancement du premier projet en 2018, ce qui nous a permis de progressivement faire évoluer le projet et les contenus à destination des élèves. Et cela nous a permis de découvrir la diversité des actions menées par les enseignants autour du projet, du blog à l’émission radio en passant par l’art plastique. C’est toujours un plaisir pour nous !

Art
L'arbre voyageur, Hourloupedibus pedibus, par ©Maryse Cavero

Comment peut-on participer à ce projet ?

Rien de plus simple ! En s’inscrivant sur le site du projet. Si vous avez identifié un chêne facilement accessible nous vous fournirons le matériel et un protocole détaillé pour réaliser l’expérience.

Comment communiquez-vous les résultats ?

Nous préparons tous les mois une lettre d’information qui présente l’état d’avancement du projet. Nous organisons également deux séries de webinaires dans l’année pour échanger avec les enseignants, et avec les élèves en visio-conférence.

Le projet est prévu pour durer jusqu’en 2024. Une fois toutes les données vérifiées et analysées, nous présenterons les résultats dans un article scientifique qui sera évalué par des experts avant d’être diffusé auprès de la communauté scientifique. Mais cela prend du temps. Nous avons raconté ce périple à partir de l’exemple du projet Tree Bodyguards.

Quels sont vos partenaires sur ce projet ?

Nous avons une petite équipe de chercheurs au laboratoire BIOGECO qui travaillent sur ce projet, en collaboration avec des chercheurs en géographie et en sciences de l’éducation à l’université de Poitiers, de Genève et de Brest. Nous collaborons étroitement avec la Maison pour la science en Aquitaine et le Rectorat de l’académie de Bordeaux.

 

Un grand merci à Bastien Castagneyrol pour cet interview !

Et la communauté APA, c'est quoi ?

La communauté Auprès de mon arbre a pour objectif de rassembler les observatoires citoyens autour de l’arbre, mais aussi de vous permettre de vous informer et d’échanger sur toutes les actualités liées aux arbres

Pour plus d’informations sur la communauté APA, n’hésitez pas à rejoindre l’espace projet.

Pour cela, rendez-vous sur la page de l’espace projet Auprès de mon Arbre, et cliquez sur le bouton en haut à droite pour rejoindre le groupe. Ensuite, toujours dans l’espace projet, cliquez sur l’onglet forum et sur le bouton vert « sabonner ».

Vous serez ainsi informé.e des dernières actualités et vous pourrez également poser vos questions et répondre à celles des autres !

Et si vous portez ou connaissez d’autres observatoires en lien avec les arbres, alors n’attendez plus pour être référencé Auprès de mon Arbre ! Remplissez ce formulaire pour le proposer à la liste.

 

Belles observations à vous !

Les photos ont été prises dans le cadre du projet EDU-Bodyguards soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme de Bregagne (MSHB).

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