[Auprès de mon arbre – APA] Interview de Laure Turcati, partenaire sur le programme Lichens Go!

Découvrez ici l’interview de Laure Turcati, ingénieure en sciences et recherches participatives mais aussi partenaire sur le programme Lichens Go!

Je suis écologue de formation. Je coordonne et anime des programmes de sciences participatives dans le domaine de l’environnement depuis une quinzaine d’années. Ces collaborations de longue date avec des publics divers (naturalistes, enseignant.es et leurs élèves, gestionnaires d’espaces verts, riverain.es et usager.es de milieu urbain, éleveur.ses de rennes, amateur.rices de nature) et sur des thématiques tout aussi diverses m’ont permis d’acquérir une solide expérience dans le domaine des sciences et recherches participatives. C’est cette expérience que je mets à profit dans de nombreux projets de recherche en collaboration avec des collègues de diverses disciplines aujourd’hui. Je coordonne notamment PartiCitaE, un observatoire participatif de l’environnement urbain porté par Sorbonne Université dans le cadre duquel est décliné Lichens GO!

Je coordonne cet observatoire avec l’aide de l’équipe de Tela Botanica, notamment Sophie Vicente de Gouveia et Vanessa Laine, et Yannick Agnan de l’UCLouvain. Vincent Chassany, qui travaille au Muséum National d’Histoire Naturelle quant à lui coordonne le volet scolaire de Lichens Go! À travers Vigie-Nature Ecole.

J’ai contribué à sa mise en place dès 2016 avec la collaboration de membres de l’Association Française de Lichenologie (AFL), Marc Boulanger, Nicolas Malle, Chantal van Haluwyn et Grégory Agnelo ainsi que Sébastien Turpin qui coordonnait Vigie-Nature École à l’époque.

L’idée est venu de Marc Boulanger, un enseignant de sciences de la vie et de la terre qui travaille avec ses élèves de lycée à l’utilisation des lichens comme bio-indicateurs de la qualité de l’air. Etant correspondant pour Vigie-Nature École et membre de l’AFL, il a proposé le montage d’un observatoire participatif national des lichens en lien avec la qualité de l’air.

L’objectif est de collecter des données de distribution des lichens en milieu urbain. Ce milieu urbain peut aller du centre de métropole au hameau, le protocole est en fait applicable partout sauf en milieu forestier.

Ces données de distribution de lichens permettent de mieux connaitre l’écologie urbaine de ces espèces mais aussi d’évaluer la qualité de l’air de la zone étudiée. Pour cela, il est indispensable de mettre à jour, voire de mettre au point au vu des études récentes des indices de sensibilités des différentes espèces à différents polluants. C’est une partie des objectifs des travaux d’Hugo Counoy qui débute sa thèse à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), encadré par Yannick Agnan et moi-même.

L’intérêt premier est de découvrir les lichens, des organismes fascinants au pouvoir esthétique incroyable. Prenez une loupe et penchez vous sur un tronc d’arbre de votre rue, vous comprendrez tout de suite ce que je veux dire ! Les passants vous entendrons vous exclamer « wouah » devant la délicatesse des découpes de certaines espèces.

Au delà de ravir les yeux, les lichens, au moins pour les plus communs, sont assez faciles à se mettre en tête. Ce sera donc satisfaisant d’apprendre vite à les reconnaitre.

Enfin, tout l’intérêt du projet est de contribuer à la recherche et notamment en ce moment de produire des données qui seront directement utiles pour la thèse d’Hugo !

D’ailleurs ce dernier travaille aussi à un outil de visualisation des données qui permettra aux volontaires d’évaluer en quelques clics la qualité de l’air à partir de leurs données. Un retour bien mérité pour les remercier de leurs contributions.

C’est simple, il suffit de se rendre sur le site de PartiCitaE, de télécharger le livret de participation pour prendre connaissance du protocole.

Les observations se font sur trois arbres droits en milieu urbain. On place une grille constituée de 5 carrés alignés de 10x10cm sur les 4 faces du tronc (N, E, S, O) pour délimiter les zones d’observation. Grâce à la clé conçue spécialement pour Lichens Go!, on détermine les espèces présentes. Cette clé est en cours de modification grâce aux travaux de master d’Hugo et avec l’aide de Marc Boulanger, Nicolas Malle, membre de l’AFL et deux de nos super-observatrices, Cécile Lambert et Françoise Peyrissat. La nouvelle version sera disponible courant février 2023.

Une fois les observations faites, elles doivent être saisies sur le site de Tela Botanica sur lequel un espace projet est dédié à Lichens Go!.

Si vous avez un doute sur une de vos déterminations, n’hésitez pas à prendre le spécimen en photo et à téléverser la photo au moment de la saisie des données. Celui se retrouvera dans la section consacrée aux lichens de l’outil IdentiPlante, ce qui permettra aux autres volontaires de valider votre détermination ou de vous aider à en trouver une autre.

Le forum auquel il est possible de s’inscrire via l’espace projet Lichens Go! sur le site de Tela Botanica nous permet de diffuser rapidement et facilement les résultats. Nous nous efforçons aussi de faire des communications régulières via la lettre d’actualités de Tela Botanica mais aussi d’organiser des webinaires pour présenter les résultats. Ces webinaires sont notamment consultables sur la chaine YouTube de PartiCitaE.

Lichens Go! a la chance de bénéficier de l’expertise de nombreux partenaires.

Sorbonne Université et Tela Botanica coordonnent l’animation nationale du projet, Vigie-Nature École permet l’implication des enseignants et de leurs classes, UCLouvain, Sorbonne Université et le Muséum national d’Histoire naturelle traitent les aspects scientifiques, analyses des données et publications d’articles scientifiques. L’AFL a beaucoup aidé au démarrage de Lichens Go! notamment pour établir la liste d’espèces concernées et affiner la clé de détermination.

Nous avons aussi quelques relais locaux, recensés sur notre carte des relais locaux qui animent localement des sorties et ateliers autour de Lichens Go!

Pendant le premier confinement, nous avons travaillé à trouver des noms français aux espèces de lichens qui pour la plupart n’en n’ont pas. L’objectif était de rassurer les personnes que le latin impressionne. Mais nous avons été si zélé.es que les noms français sont aussi compliqués que les noms latins et le bénéfice n’est pas très tangible. L’expérience pourrait être renouvelée avec des élèves participant via Vigie-Nature École, peut-être seront-ils et elles plus créatifs et créatives ?

Merci à Laure Turcati pour ses réponses et à Françoise Peyrissat pour sa relecture orthographique !