Les échappées du mois d’août

Les échappées sont des plantes introduites en France métropolitaine via les jardins et espaces verts pour leurs qualités ornementales. Elles sont parfois capable de pousser spontanément hors des jardins et peuvent devenir envahissantes. Ces plantes exotiques envahissantes sont susceptibles ensuite de menacer la biodiversité locale. Il est donc important de connaitre leur répartition.

Qu'est-ce qu'une plante exotique envahissante ?

<i>Passiflora caerulea</i> L. [1753]
Passiflora caerulea L. [1753] par Hugues Tinguy, Tela Botanica, CC-by-SA

Une plante exotique est une plante introduite par l’homme hors de son aire de répartition naturelle. Par exemple, la passiflore bleue est originaire d’Amérique du Sud et a été introduite en France métropolitaine pour ses qualités ornementales, elle est donc exotique en France métropolitaine.

Toutes les plantes exotiques ne sont cependant pas envahissantes. Une plante exotique envahissante est un plante capable de se reproduire seule hors de son lieu d’introduction et qui menace les écosystèmes locaux. Elles peuvent avoir des impacts écologiques, sanitaires et/ou économiques négatifs. Le caractère envahissant d’une espèce se définit sur un territoire donné. Par exemple, la passiflore est non envahissante dans le Massif central mais est suspectée de l’être en Occitanie.

Le projet les échappées ciblent 2 groupes de plantes :

  1. des plantes exotiques envahissantes,
  2. des plantes exotiques potentiellement envahissantes.

Pourquoi veut-on connaître leur répartition géographique ?

  1. Mieux connaitre l’aire de répartition des plantes exotiques envahissantes permet de mettre en place des plans de gestion adaptés. Cela peut, par exemple, permettre de faire des actions adaptées pour limiter la propagation de l’espèce vers une aire protégée, avec des espèce locales sensibles.
  2. Les plantes exotiques potentiellement envahissantes n’ont généralement pas d’impact négatif connu sur le territoire donné mais sont connues pour être envahissantes sur un autre territoire ou ont des caractéristiques qui pourraient leur permettre de le devenir. Surveiller leur propagation permet d’intervenir rapidement et avant que ces impacts négatifs ne soient trop importants s’ils se déclarent. La détection précoce des espèces exotiques envahissantes est primordiale pour permettre une gestion efficace et peu couteuse.

Quelles échappées pourrez-vous identifier en août ?

La gazanie - Gazania rigens

<i>Gazania rigens</i> (L.) Gaertn. (bdtfx)
Gazania rigens (L.) Gaertn. (bdtfx) par ManonV, Tela Botanica, CC-by-SA

La gazanie, originaire d’Afrique, s’est parfaitement adaptée au climat méditerranéen. Elle forme des tapis sur les zones côtières, ce qui peut entraver le développement des plantes locales. Sa propension à devenir envahissante a été constatée en Australie, ce qui suscite une surveillance particulière en Occitanie, pour éviter qu’elle ne suive le même chemin.

La gazanie se reproduit en abondance par le biais de ses nombreuses graines, et elle peut également se propager par bouturage de ses tiges. Ainsi, lorsque l’on souhaite la contrôler, il est essentiel de supprimer entièrement les tiges rampantes (stolons).

D’un point de vue sanitaire, la plante elle-même ne présente pas de danger. Cependant, elle héberge un escargot appelé Theba pisana, qui peut abriter un parasite potentiellement nuisible pour l’humain en cas d’ingestion.

L'ipomée des Indes - Ipomoea indica

<i>Ipomoea indica</I> (Burm.) Merr. (Autre)
Ipomoea indica (Burm.) Merr. (Autre) par Cesar Gonzalez Silvestre, Tela Botanica, CC-by-SA

L’ipomée d’Inde est originaire d’Amérique du Sud. Elle a été introduite dans la région méditerranéenne pour recouvrir les murs et les pergolas. Vous pourrez admirer ses jolies fleurs bleues ou violettes vives tout l’été et jusqu’à octobre.

Elle se disperse grâce à ses rhizomes (tiges souterraines) et par boutures de la tige. Elle forme des tapis qui couvrent le sol et grimpe le long des arbres, entrant ainsi en compétition avec les espèces locales. Pour l’éliminer d’un site, l’arrachage manuel est possible suivi de la plantation d’espèces locales permet d’éviter la recolonisation du milieu par l’ipomée.

L'agave d'Amérique - Agave americana

<i>Agave americana</i> L. [1753] (bdtfx)
Agave americana L. [1753] (bdtfx) par Ans Gorter

L’agave d’Amérique est originaire… d’Amérique du Nord ! Elle est facilement reconnaissable (fiche eFlore) alors n’hésitez pas à la prendre en photo et à transmettre vos observations via l’outil de la mission flore.

Cette espèce se reproduit majoritairement par voie végétative et ne fleurit qu’au bout de 10 ou 20 ans ! Et vous ne pourrez pas manquer les fleurs. Elles sont situées sur une hampe florale de plusieurs mètres de hauteur.

La plante ne fleurit par contre qu’une seule fois dans sa vie, elle meurt après la floraison (monocarpique). Une méthode de gestion est donc d’éliminer les hampes florales au fur et à mesure. Cependant, cette coupe ne doit se faire que par un expert car une mauvaise coupe peut favoriser la repousse de plusieurs hampes florales (donc plus de graines dispersées) ou la production de rhizomes (tiges souterraines permettant la propagation de l’espèce).

18 commentaires

  1. pour les agaves la reproduction par graines n’est pas la plus préoccupante, mais c’est la reproduction par plantules qui se dévellope à la base juste avant la floraison et qui sont souvent prises par les jardiniers amateurs pour aller les planter ailleurs.

    1. Bonjour,
      oui tout à fait et merci pour ces précisions sur les bulbilles et rejets.
      N’hésitez pas à transmettre vos observations d’agave d’Amérique sur l’outil dédié.
      Bonne journée,
      Manon pour Tela Botanica

  2. le Buddleja de david est en train de se répandre partout, sur les 4 voies, dans les rivières , Condat St-avé, Morbihan. de même l’ Acanthe molle s’échappe , rue des aubépines Vannes, bourg de la lande Arradon. et même L’arum d ‘ Ethiopie l’ année dernière , année pluricaniculaire , les pieds dans la rivière du Condat, St- Nolff. et d’autres….
    il serait tant de cesser le jardinage exotique. et interdire les ventes dans les jardineries.

    1. Bonjour,

      N’hésitez pas à transmettre vos observations via les missions flores. Cela permet aux professionnels de mieux connaitre leur répartition et de mettre en place un plan de gestion adapté. Vous trouverez le lien dans l’article 🙂
      En ce qui concerne les interdictions, c’est déjà le cas pour certaines espèces, vous trouverez plus d’informations sur la législation sur le centre de ressources des espèces exotiques envahissantes : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/

      Bonne journée,
      Manon pour Tela Botanica

  3. Les plantes exotique envahissante ne sont elle pas seulement les symptômes du réchauffement climatique et de l’etat catastrophique des biotope ?
    Faut-il lutter contre ou plutôt attaqué le mal a son origine?
    Le douglas qui remplie nos forêt n’est jamais considéré comme envahissant le robinier faux acacias lui par contre parfois si. J’ai du mal a comprendre.

    1. Bonjour,
      Je comprends votre confusion. C’est un sujet complexe et je ne peux pas vous répondre de façon suffisamment claire et rigoureuse en un commentaire. Je vais essayer d’écrire une prochaine actu avec le soutien des experts scientifiques du projet pour vous répondre 🙂
      Bonne journée,
      Manon pour Tela Botanica

  4. Bonjour, ayant acheté du Cormier sur une pépinière en ligne parce que je n’en trouvais pas près de chez moi, j’ai reçu 1 plante surprise en cadeau. Il s’agit de l’agave geminiflora, endémique d’une province du Mexique. Je suppose que c’est le même risque d’envahissement que l’agave américaine ?
    Merci

    1. Bonjour Clarice,
      Passiflora caerulea en plus de drageonner allègrement, produit des fruits qui intéressent les animaux qui ensuite la sèment en milieu naturel.

      J’ai déjà vu près de Montpellier un Pinus halepensis avec le houppier envahi par cette liane et près à basculer sous son poids, mais plus surement privé de sa photosynthèse c’est très impressionnant!
      Cdlt

  5. 1- L’humain interagit avec le reste de la nature (exploitation – transports etc.)
    2- La conséquence en est que les plantes (comme d’ailleurs les virus) voyagent plus aujourd’hui qu’au temps de la marine à voile
    3- N’importe quel animal ou végétal transplanté s’adapte à son nouveau biotope ou disparait
    4- In fine se recrée ainsi un équilibre naturel et les plantes considérées par l’humain comme invasives trouvent leur place dans les communautés végétales autochtones (Ex. Robinier – Ailante – Renouée du Japon etc.)
    5- Intervenir pour l’éradication de ces végétaux au motif de préserver les espèces locales est une stratégie d’abord inefficace et ensuite aussi néfaste que le sont celles qui leur ont permis de franchir les frontières pour arriver chez nous
    6- Quand fichera-t-on enfin la paix à nos espèces immigrées ? On pourrait éradiquer les chardons et les orties qui nous piquent les mollets ? Ou encore mieux les roses ?
    Bien cordialement
    PM

    1. Bonjour telabotanica,
      Désigner la plante comme une envahisseuse, n’est ce pas minimiser le rôle de l’humain dans le développement de ces végétaux ? À la fois sur l’introduction, comme vous l’indiquez, mais aussi sur son existence et développement dans des milieux perturbés par la main de l’humain (souvent aidé par la force d’outils fonctionnant aux énergies carbonées).
      N’est ce pas la perte de contrôle par l’humain qui dérange ici, l’humain en premier lieu? Le choix des mots porte un récit. Ce choix là, n’a t’il pas pour fonction ou effet de dédouaner les méfaits de l’humain?
      Je suis surpris que telabotanica s’approprie ce thème aux fondements qui me questionnent encore.
      Bien à vous et heureux de vous lire, sur bien d’autres sujets qui me semblent plus correspondre aux valeurs fondatrices de votre structure.

      PS : gagnant en curiosité sur l’ailante, le robinier, la renouée, j’ai appris pas mal de choses qui me les rendent plus honorables : dépollution, stabilisation de sols, constitution d’ombrages, résistance à la sécheresse, fourniture de matière carbonée en masse, … bref une aide à corriger bien de méfaits humains. Merci à nos compagnes les plantes de maintenir ce monde, que nous abîmons que trop, encore habitable aux humains.

    2. Merci Pierre pour cet apport de regard décalé sur ce thème loin d’être si simple.
      PS : peut être mon propre commentaire est il mis en réaction au votre. Si tel était le cas, c’est une fausse manipulation.
      Florian

    3. Bonjour,

      Tela Botanica utilise la terminologie actuelle pour définir ces plantes mais notre mission reste la même : permettre d’accroître les connaissances sur ces espèces via des missions d’observation, qu’elles soient qualifiées d’espèces exotiques envahissantes ou non.

      Cordialement,
      Manon pour Tela Botanica

  6. Bonjour,

    Les plantes utilisent tout simplement les opportunités que leur offrent les humains. Elles se glissent dans nos histoires, nos coups de tête, nos négligences.
    Quand je croise une Renouée du Japon, je tire mon chapeau : sans faire de graines, elle se déplace en bulldozer. Elle nous symbolise et concrétise nos errements.
    Bien à vous,
    JPM

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