Etymologia Botanica – Dictionnaire des noms latins

LIVRE / Un dictionnaire étymologique des noms latins des plantes totalement nouveau, avec plus de 10 000 mots (noms de genre et épithètes).

L’étymologie des noms de plantes recèle de nombreux mystères et histoires fascinantes, c’est ce que l’auteur dévoile à travers son dictionnaire étymologique.

Avant le XVIIIe siècle, il n’existait pas de système standardisé pour nommer les plantes. Elles étaient désignées par des noms vernaculaires variables selon les régions, ou par de longues descriptions en latin composées de plusieurs mots. En 1753, Carl von Linné publie son ouvrage majeur, Species Plantarum, qui introduit le système binominal de nomenclature, encore utilisé aujourd’hui. Binominal car chaque nom d’espèce est composé de deux mots : le nom de genre en premier (avec une majuscule) suivi d’une épithète, comme « Rosa gallica » la rose de Provins ou Rose de France.

Michel Chauvet a réalisé un long travail d’enquête en consultant les descriptions données par les botanistes et en cherchant le sens qu’ils ont voulu ainsi leur donner. C’est un travail complètement inédit car s’il existait déjà des dictionnaires d’étymologie botanique, personne d’avait réellement pu réaliser cette consultation systématique des sources, rendue aujourd’hui possible par l’accès aux documents anciens sur internet (la plupart sont numérisés et accessibles auprès de bibliothèques en ligne). Ce travail n’a aussi été possible que grâce aux compétences de l’auteur en linguistique, car les noms proviennent de nombreuses langues.

En consultant ce dictionnaire, on constate d’abord que de nombreux noms viennent du grec, à commencer par Dioscoride, dont les noms sont souvent simples. Ainsi, Alcea signifie « la secourable », et Althaea « la guérisseuse ».

Quant à Polypodium, Théophraste écrit : « La racine du polypode a beaucoup de chevelu et des ventouses comme en ont les tentacules du poulpe ». Les « ventouses » sont les cicatrices des pétioles des années précédentes sur le rhizome. Le nom signifie donc « petit poulpe » (de polupous, « poulpe »), et pas « aux nombreux pieds ».

Le cas de Verbena est plus complexe, car la plante s’appelait verbenaca en latin, dérivé de verbenae, « ensemble de branches réunies en faisceau ou de tiges réunies en bouquet pour purifier ».

Par contre, le nom Digitalis est inconnu du latin classique. Il a été créé par Fuchs, comme traduction de l’allemand Fingerhut, « dé à coudre ». Fuchs a repris le  latin digitale, « doigtier », en allusion à la forme de la corolle en doigt de gant.

Le nom du soja, Glycine max, est longtemps resté énigmatique. Max est en fait la graphie portugaise du nom arabo-persan d’un haricot mungo, transmis par Avicenne (xie siècle). Le x se prononçait alors š en espagnol et en portugais. Linné pensait attribuer ce nom à un mungo à grains noirs, mais il a ensuite été typifié comme désignant le soja. De nombreux autres noms viennent de l’arabe, qui était la langue savante au Moyen-Age. Une plante aussi commune que le pissenlit s’appelle Taraxacum, qui est un nom persan introduit aussi par Avicenne, et qui signifie « herbe amère ».

Les botanistes voyageurs ont ensuite pris des noms aux populations locales. Ainsi, le nom Catalpa a été emprunté par Catesby au muscogee (langue creek des États-Unis), où il signifie « tête ailée ». Pour Simarouba, Aublet a repris le nom kali’na (Guyane).

Ailanthus a souvent été pris pour un nom chinois, mais Rumphius dit que le nom vient « de l’amboinais aylanto, c’est-à-dire arbre du ciel », ai signifiant arbre et lanit ciel. La graphie latine avec un h est une hypercorrection. Le nom n’a rien à voir avec le grec anthos, « fleur ».

Depuis l’Antiquité, des noms ont aussi été dédiés à des personnages de la mythologie, comme Heracleum pour Heraclès, et Cypripedium, le sabot-de-Vénus, dédié à « la déesse de Chypre, Aphrodite ».

Les botanistes ont enfin dédié de nombreux genres à  des personnalités, comme l’intendant de marine Michel Bégon (1638-1710) pour Begonia et le botaniste Leonhart Fuchs (1501-1566) pour Fuchsia.

On voit que les botanistes ont recouru à de nombreux procédés pour dénommer les innombrables plantes qu’ils découvraient. Ces noms recèlent de riches histoires à découvrir pour les botanistes, les curieux de nature, les linguistes et les passionnés d’histoire des sciences. En parcourant cet ouvrage, on savoure avec gourmandise l’érudition dont ont fait preuve les botanistes. On voyage également à travers le temps et l’histoire de la botanique, en côtoyant les taxonomistes comme Linné et Jussieu, les grands botanistes de Candolle, Tournefort, Aublet, Bauhin, les explorateurs ou aventuriers, etc. La liste est longue, elle tient tout juste dans les 800 pages de l’ouvrage…

Au total, sur les 10 032 mots recensés, 493 viennent de Dioscoride et 116 d’autres auteurs grecs. S’y ajoutent 238 noms de Pline (hormis les noms grecs). Par ailleurs, 2934 noms de genre ont été créés à partir du grec. De nombreuses autres langues ont fourni des noms, dont l’arabe avec 105 noms (du Moyen-Age et de Forsskål entre autres). 1514 mots sont dédiés à des botanistes hommes, et 47 seulement à des botanistes femmes. Parmi les noms repris d’auteurs pré-linnéens, on peut en signaler 107 d’Aublet, 54 de Rumphius, 41 de Rheede tot Drakenstein et 11 de Roxburgh.

Couverture de l’ouvrage

L'auteur

Michel Chauvet est ingénieur agronome, ethnobotaniste et linguiste, ancien ingénieur de recherche à l'INRA (Institut national de recherche agronomique). Il est également membre fondateur de l’association Tela Botanica. Dans le cadre de ses activités, il a lancé un site web collaboratif sur les plantes utiles, Pl@ntUse, qu’il continue à animer; il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont l’Encyclopédie des plantes alimentaires (qui présente 700 espèces) parue aux éditions Belin.

Informations pratiques

Titre de l'ouvrage : Etymologia Botanica - Dictionnaire des noms latins
Auteur : Michel Chauvet
Biotope Éditions, 2024.
792 pages, plus de 10 000 mots.
ISBN 978-2-36662-319-2
Prix indicatif : 39,00 €

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1 commentaire

  1. Merci à toi, Michel, pour ce travail minutieux sur l’étymologie des noms scientifiques qui démystifie de nombreux cas, et qui corrige bien des erreurs !

    Les exemples signalés dans la présentation sont tout à fait parlants, et il ne sont bien sûr que des exemples de cet ouvrage absolument remarquable.

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