Un verger à Memot, Cambodge
La province de Tbong Khmum, créée en 2013 par partition de la grande province de Kampong Cham, est une province dont l’économie est essentiellement agricole. A l’époque du protectorat français, sa capitale, Memot (ou Mimot), était connue pour ses plantations d’hévéas. La région est en effet renommée pour ses riches terres rouges. Depuis quelques années, se sont également développées de façon exponentielle les plantations de poivre, qui profitent indirectement de la renommée internationale du fameux poivre de Kampot, cultivé dans la province éponyme, dans le sud du pays. Mais les céréales (riz, maïs) occupent encore la plus grande partie des terres cultivées.
Les terres rouges permettent la culture de nombreux autres végétaux, dont moult fruits : les mangoustans et ramboutans de la province sont notamment renommés. Il y a peu, nous avons profité d’un passage-éclair à Memot Phsar, proche de la ville de Memot, pour visiter un verger florissant, qui occupe un terrain de trois hectares situé en bordure de la bourgade.
Le mot « verger » évoquait plutôt pour moi un champ où étaient alignés au cordeau des arbres fruitiers d’une seule et même espèce. Je garde notamment un souvenir ensoleillé d’une cerisaie qui, alors que j’étais enfant, se trouvait juste de l’autre côté de la route qui bordait la maison dans laquelle nous habitions à la campagne. Lorsque venait l’été, je convoitais en salivant les cerises cramoisies juchées hors d’atteinte de mes petits bras. (Heureusement, le paysan compatissant n’hésitait jamais à remplir mes mains tendues de ces fruits juteux et sucrés.) Plus récemment, au Cambodge, j’ai aussi eu l’occasion de visiter une superbe anacarderaie qui s’étendait sur cinq ou six hectares, dans la province de Kampong Cham.
Ce type de vergers bien ordonnés, consacrés à la culture d’une espèce unique, existe donc également au Cambodge. Mais on trouve aussi, souvent, des lieux dans lesquels les propriétaires n’ont pas voulu se limiter à un seul type d’arbres, et où ils ont choisi de cultiver les espèces qui leur tenaient à cœur ou leur semblaient les plus profitables.
C’est ce deuxième type de verger qu’il nous a été donné de visiter à Memot. Les arbres semblent avoir été plantés au hasard, sans agencement apparent. Un modeste abri de briques, qui abrite le matériel utilisé pour la culture ainsi que quelques ustensiles de cuisine sommaires, perdu au milieu de la végétation luxuriante, occupe le centre du terrain.
Parmi les espèces cultivées, citons pêle-mêle : poivriers, arbres à durion, mangoustaniers, avocatiers, corossoliers, cactus à pitayas, ramboutans…
Le sol est recouvert de l’humus produit par les feuilles et les fruits tombés. En plus de l’humus, les propriétaires ont déposé au pied de quelques arbres de grands sacs de toile bleu, qui contiennent de la bouse de bovin. Lorsqu’il pleut, les éléments nutritifs ruissellent et viennent enrichir le sol. Un petit ruisseau traverse en outre en biais le verger.
Seule précaution à prendre lors de la visite, maintes fois répétée par l’arboricultrice qui nous faisait visiter son verger : accélérer le pas lorsque l’on passe sous les arbres à durion ! Recevoir sur la tête l’un de ces gros fruits armés d’épines redoutables n’est pas sans danger !
Est-il besoin de préciser que, une fois la visite terminée, nous avons profité de l’aubaine pour nous munir d’une solide provision de fruits divers et de poivre, dont nous avons fait profiter voisins et proches une fois rentrés à Phnom Penh ?
- Nous vous proposons dans cet article de faire connaissance avec l’un des fruits les plus réputés, et les plus controversés, du Cambodge : le durion de Kampot.
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